Il y a eu Outremont, le Plateau, le Vieux-Montréal, Griffintown, le Mile End… Les quartiers qui ont profité de vagues d’ouvertures de restaurants se sont succédé à travers les années. Plusieurs nouveaux acteurs se sont imposés et demeurent incontournables. Aujourd’hui, tous ces secteurs se côtoient.

Depuis quelques années – et plus que jamais actuellement –, un autre secteur s’est ajouté à la liste : le Mile-Ex, cette zone entre le Mile End, la Petite Italie, Parc-Extension et Mont-Royal, qui s’étale de plus en plus vers le nouveau campus de l’Université de Montréal. Beau Mont y a ouvert, ainsi que Chez Denise. Plus à l’est, on retrouve le Manitoba, Marconi, le café Dispatch, le Dépanneur Le Pick Up, le Cicchetti, la taverne Harricana plus au nord, pour ne nommer que ceux-là.

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Une nouvelle adresse s’est ajoutée à la liste il y a quelques mois, à l’angle de l’avenue du Parc et de la rue Beaubien : la Taverne Atlantic. 

Visitée un jeudi soir, elle était immense et pleine à craquer, remplie surtout de milléniaux enthousiastes alimentant allègrement le niveau de décibels. Un lundi soir, elle s’est avérée plus tranquille, plus conviviale pour la conversation. Tout dépend donc de ce qu’on cherche.

Le rétro en vedette

L’espace a été aménagé par Alexandre Baldwin, qui fait partie du trio, avec Alexandre  Wolosianski et Éric Dupuis, derrière les Bar Henrietta, Tavern Square Dominion et Balsam Inn. Pour ce projet, ils se sont aussi associés avec Simon Cantin du restaurant Manitoba non loin.

L’espace, immense, est caractérisé par un long bar en bois dont les courbes en son centre et les espaces de rangement pour les bouteilles évoquent le design des années 30, comme à l’époque Art déco, avec des tabourets fixes en cuir sur des poteaux de métal. Au centre de la pièce, on a installé toutes sortes de tables rondes qu’on éloigne ou qu’on rapproche selon le nombre de convives. (Je ne l’ai pas visitée, mais l’été, il y a une terrasse sur le toit, avec une soixantaine de places en plus de la centaine du rez-de-chaussée.) 

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L’avant de la taverne est un casse-croûte rétro, appelé Chez Eddy, dont le menu est aussi celui de la taverne. Et qui est lui aussi dans le même esprit côté aménagement : bar arrondi, bois vernis, tabourets fixes, ronds, qui ont l’air tout droit sortis d’une autre époque.

Dans l’assiette, on est loin ici du menu du Manitoba, tout en finesse créative, ou DE la longueur du menu de la Taverne du Square Dominion, et on penche résolument vers la simplicité abordable.

Pensez pizza, poutine, hot dogs, quelques salades. Mais les ingrédients sont triés sur le volet. L’esprit dans l’assiette est plutôt celui d’une certaine nostalgie de la décadence des années 70 – qu’on retrouve aussi chez Vesta, dans la Petite Italie pas loin.

Pizza et hot dog

Ainsi, la pizza « cheese boogie » est garnie de fromage orange et de cornichons, en plus de boeuf et de sésame, tandis que les hot dogs ont une belle place sur le menu, même s’ils se la jouent chic et généreux avec leurs saucisses de porc de la ferme du rang 4, une entreprise artisanale de Saint-Ambroise-de-Kildare qui élève soigneusement ses cochons puis en transforme la viande. On a goûté aux deux qui sont sur le menu, le « all dressed », avec chou et oignon et cornichon, et le « cheese dog », avec fromage et jalapeño. Dans les deux cas, le pain est bien moelleux, juste assez chaud, la saucisse savoureuse, plus proche du boudin blanc, avec sa texture très lisse, que des saucisses artisanales traditionnelles. La version avec fromage et piment est plus intéressante. Dans les deux cas, on est loin des platitudes de tant de fast-food. 

Autre essai, la pizza Pépé Rony, où sauce tomate et mozzarella côtoient piment rôti et pepperoni sec. Ici, il faut être prêt à manger bien piquant. Malheureusement, la pizza au four à bois étant actuellement en plein boom à Montréal, difficile de dire qu’on est en terre d’exception – la concurrence est forte – mais l’offre se défend grâce à une pâte de cuisson assez équilibrée, soit croustillante sans être dure. 

Autre option plus classique, plus légère, la salade « Nana », qui réunit un peu les éléments d’une salade grecque : tomates, concombres, poivron, oignons, olives, feta, aneth. En novembre, plusieurs de ces ingrédients, malheureusement, ne sont pas de saison, ce qui empêche l’ensemble de rayonner autant qu’on l’aimerait. Mais le tout demeure intéressant, si on n’a pas envie de poutine ou de frites ketchup, d’autres plats sont au menu. Apparemment, l’option crevettes va revenir, mais elle était absente les deux fois où je suis passée.

Notre verdict

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L’espace, immense, est caractérisé par un long bar en bois dont les courbes en son centre et les espaces de rangement pour les bouteilles évoquent le design des années 30, comme à l’époque Art déco, avec des tabourets fixes en cuir sur des poteaux de métal.

On paie : Les pizzas sont à 12 $ et 18 $, les salades 10 $ et 11 $, les hot-dogs 4 $ et 6 $.

On boit : Toutes sortes de bières artisanales intéressantes et du vin naturel choisi soigneusement par le sommelier du Manitoba. 

On se sent : J’y suis allée deux fois : un jeudi hyper animé, bruyant, bondé, avec une atmosphère de fête et le sentiment que cette taverne est résolument un des endroits les plus vivants en ville actuellement. Le lundi suivant, le ton était plus calme. Chaque fois, accueil sympathique, affairé. Aménagement rétro magnifique. Hâte de voir la terrasse.

On aime : L’ambiance festive du jeudi soir, les prix hyper raisonnables.

On aime moins : Un menu quand même limité. 

On y retourne ? Oui, pour prendre un verre d’abord.

Taverne Atlantic. 6512 avenue du Parc. Montréal. 514 544-6512

> Consultez le site web de la Taverne Atlantic