Pour prendre un café, et un dessert, dans un endroit agréable au cœur du Mile End.

Préparer une bonne salade est un art.

Autant une combinaison d’ingrédients disparates, un ensemble de rencontres inattendues peut devenir une fête à chaque bouchée, autant un tel plat peut devenir un méli-mélo sans structure où des ingrédients abandonnés semblent en détresse.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

La décoration a plu à notre critique.

Même les meilleurs chefs s’y perdent parfois.

Ce n’est pas pour rien qu’au fil des décennies, des recettes gagnantes, classiques, se sont imposées : la César, la Waldorf, la Cobb, la niçoise… La combinaison endives, pommes et noix n’a pas de nom, mais a fait ses preuves, tout comme les concombres à la crème ou au labneh. On ne peut oublier les salades italiennes délicieuses : la caprese (tomates, mozzarella, basilic), la panzanella (tomates, concombres, croûtons), tandis que la « salade grecque », avec poivrons, olives, tomates, concombre, féta, s’impose bien haut dans le palmarès des plus grandes de tous les temps…

La « salade cuite » nord-africaine fait aussi partie de mes préférées avec ses tomates et ses poivrons confits. 

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Le service est très courtois.

On peut, bien évidemment, s’éloigner de ces sentiers battus et inventer. Mais le succès n’est pas garanti par le simple fait de mettre ensemble des produits sympathiques.

J’ai déjà vu, à l’extérieur de Montréal, un café où on assemblait féta et ananas. Je n’en dirai pas plus. Et plusieurs ne seront peut-être pas d’accord ici, mais je ne crois pas que les canneberges séchées s’entendent avec les carottes râpées. Sucre sur sucre. Textures non complémentaires… « Incompatibles », dirait la thérapeute de couple Esther Perel. 

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Je vous fais ce long laïus pour dire que même si, pour toutes sortes de raisons, j’ai aimé le café Banc Public du Mile End – avenue du Parc, à côté du Lustucru dont il est le proche parent – avec sa jolie terrasse, son joli décor, son service super sympathique, ses desserts chouettes, j’ai vraiment bien des commentaires à faire sur ses salades.

Et même son gaspacho.

Je suis une fan de légumes frais, de produits vitaminés. Et actuellement, la saison nous gâte.

Mais tout combiner ensemble, sans plus de structure ni de réflexion, n’est pas une solution miracle.

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J’étais donc vraiment enthousiaste à l’idée de manger un gaspacho sur une terrasse. C’est, après tout, la pleine saison des tomates. J’ai été déçue par celui qu’on m’a servi. Trop acide, trop liquéfié, sans garnitures – c’est un potage qui demande des croûtons notamment, et on prend plaisir à le manger avec des morceaux de concombre ou d’œuf cuit dur. Le potage manquait d’huile d’olive aussi, pour enrober les angles de ses ingrédients. 

Puis est arrivé ce que je pensais impossible à rater : une salade de légumes avec mozzarella fraîche. 

Celle-ci est arrivée en quantité limitée. Pas la plus souple que j’aie connue. Et les légumes en accompagnement détonnaient. Il y avait du brocoli cuit. Du chou-fleur. Des haricots jaunes. Des oignons rouges. De la roquette. Du bacon. Une sauce beige qui aurait tellement dû être remplacée par une bonne huile d’olive toute simple. 

Tout ça n’allait pas ensemble. Là où on voulait du croquant, c’était attendri. Là où on voulait de la douceur, c’était acide. Rien n’unissait l’ensemble en harmonie…

Autre essai : une assiette avec avocat, œuf poché, pain grillé, salade, « beurre d’aubergine », mottes de labneh et graines de citrouille et de tournesol. Là, c’est une combinaison d’acidité et de trop sucré qui posait problème, malgré la bonne cuisson de l’œuf exagérément couvert de paprika…

Souvent, devant de tels plats – j’insiste, c’est un problème répandu dans les cafés québécois –, le mot qui me vient à l’esprit est « fatras ». Ici, je dirai plutôt assemblage incongru, incohérent.

Évidemment, on aurait pu goûter au reste du menu – des sandwichs notamment –, mais l’expérience est, selon moi, révélatrice d’une cuisine qui manque de précision.

Cela ne m’a pas pour autant coupé l’appétit, donc je me suis tournée vers les desserts, qui se sont avérés pas mal plus réussis.

Une tartelette au chocolat aux amandes, où la riche ganache de chocolat très noir de la garniture est parfumée à l’amande. Il y avait aussi un magnifique gâteau au fromage maison, léger, tout délicat en bouche, et on a ajouté à ça un biscuit au chocolat blanc et bleuets frais qui apportait une fraîcheur inattendue et tout à fait à propos à cet accompagnement classique d’un – fort bon – allongé.

Le repas s’est ainsi terminé avec un sourire, surtout que tout le long, tous les serveurs ont été d’une gentillesse exquise. On comprend les gens qui retournent à ce café et en ont fait leur quartier général, assis sur des bancs d’église. C’est un lieu fort agréable.

Notre verdict

On paie : De 5,25 $ pour un bol de yaourt maison à 19 $ pour les plats les plus coûteux du menu brunch. 

On boit : Autant du kombucha en canette que du café, du vin ou de la bière pas compliqués, mais pas industriels. 

On se sent : Service très courtois. Lieu aéré, mais décoration chaleureuse avec mur de briques nues et éclairage localisé. À noter : à l’intérieur, on s’assoit sur des bancs d’église (pour une grande partie des tables). Lors des beaux jours, on profite de la largeur des trottoirs de l’avenue du Parc avec une terrasse adjacente au café – et non pas dans la rue. 

On aime : La déco, l’atmosphère, les desserts.

On aime moins : Le manque de précision de la cuisine.

On y retourne ? Oui, mais pour un café et peut-être un peu de sucré.

Banc Public

Pour prendre un café, et un dessert, dans un endroit agréable au cœur du Mile End.

5161, avenue du Parc, Montréal 514 397-0544

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