J’ai entendu parler du restaurant Luciano pour la première fois il y a deux ans. Une amie insistait : « Viens, il faut que tu essaies ça. C’est simple, mais tellement bon. »

Un resto italien, de pâtes et de viandes classiques, m’avait-elle dit. Ce n’était pas totalement nouveau, ils avaient ouvert en 2015, mais c’est le genre d’adresse qui plaît à tout le monde. Elle m’en a reparlé une fois ou deux et puis elle a dû en avoir marre. L’invitation est tombée dans l’oubli.

Je ne sais pas pourquoi je n’ai jamais donné suite à cette idée. Probablement trop d’ouvertures à couvrir, de tendances nouvelles à tenter de dépister. Pas assez de temps.

La semaine dernière, l’occasion s’est finalement présentée.

Et je me suis demandé pourquoi j’avais tant attendu.

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Raviolis cinq champignons

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Première chose à signaler : quand j’ai appelé l’établissement de la rue Saint-Zotique Est, pour réserver, le message sur le répondeur du restaurant annonçait complet pour plusieurs jours. Du genre : « Oubliez ça cette semaine, ça va aller à la suivante. On est pleins. »

Bon signe. Le lieu est populaire.

Finalement, après avoir laissé un message implorant de nous trouver une petite place pour deux, on nous a gentiment indiqué qu’effectivement, si nous venions tard, un soir, bien après la fin du premier service, quand les clients commencent à partir, nous pourrions avoir de la place.

Quand on est arrivées — j’étais avec ma fille, ado — par la porte de côté, on nous a fait traverser une sorte de patio-antichambre malheureusement décoré de fleurs artificielles. Le party était déjà solidement « pogné », comme dirait ma mère. Il y avait du bruit dans la salle et beaucoup de vie. Plusieurs groupes faisaient la fête. Vous auriez dû voir la hauteur du gâteau apporté à l’une des grandes tablées.

Dans cet ancien garage transformé en restaurant par les occupants précédents, aucun décibel ne se perd et ce n’est pas le liège des panneaux suspendus, garnis de bouchons de vin, qui aide réellement.

Quand j’ai aperçu aux fourneaux de la cuisine tout ouverte un monsieur à la tête un peu trop blanche pour qu’il ne soit pas le chef de l’équipe, j’ai compris que c’était Luciano D’Orazio lui-même qui mettait, littéralement, la main à la pâte. En plus, j’ai reconnu au service le légendaire Ange Forcherio, son ancien complice de Nizza, un restaurant du boulevard René-Lévesque jadis voisin du Latini, souvenirs lointains. Forcherio qui a aussi été sommelier au Toqué !.

Bref, dans ce lieu improbable de fête bruyante, il y avait des pros.

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On a commandé des choses simples, mais qui ont été exactement comme elles le devaient. Des vins bios au verre pas trop chers, juste bons.

De la burrata hyper crémeuse, avec des tomates cerises de chez Birri déjà sucrées.

Une salade d’endive, de radicchio, juste assez amère à cause des feuilles et de la qualité de l’huile d’olive, mais aussi remplie de fraîcheur et de savoureuse légèreté.

En plat principal, j’ai pris une autre entrée, l’osso buco, qui est servi en version effilochée, sur des pâtes qui ressemblent un peu à du couscous israélien, les fregole.

Le mélange de viande et de tomate est hautement savoureux, fruit d’un long mijoté avec du vin blanc. Du persil clôt la présentation, puisque, avec le zeste de citron, il est la touche finale incontournable du classique milanais.

Ma fille a choisi des gnocchis que la maison confectionne avec de la ricotta — ce qui les rend légers, doucement rebondissants sous la dent — et sert avec une sauce tomate toute simple. Du carburant pour la course du lendemain qui se laisse manger tout seul.

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Le chef Luciano D’Orazio aux fourneaux

Au dessert, on a pris le tiramisu, qui est servi dans un verre. Je ne vous dirai pas qu’il est exceptionnel. Mais je dirai qu’il est fait dans le respect des conventions. Des doigts de dame. De la bonne crème légèrement acidulée par le mascarpone. Une bonne couche de cacao en garniture pour l’amertume.

L’autre dessert était un gâteau très riche aux amandes. Formidablement moelleux. Pas trop sucré. Je l’aurais probablement adoré encore plus avec un café en après-midi, car sa lourdeur tombe un peu à plat à la fin d’un repas copieux.

Comme je vous l’ai dit, je courais le lendemain matin très tôt, donc j’ai gentiment refusé la grappa que le chef nous proposait. On se reprendra. Ci vediamo, Luciano.

Notre verdict

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La façade du restaurant situé rue Saint-Zotique Est, non loin de Christophe-Colomb

On paie : Entrées entre 11 $ et 18 $, plats de pâtes entre 18 $ et 24 $.

On boit : Oubliez les vins « nature », mais plusieurs crus sont biologiques. Les prix sont variés avec plusieurs jolies bouteilles dans les 50 $ ou 60 $. Il y a aussi de bons vins au verre. Les origines de tout ça sont surtout italiennes et françaises. Pas de faux pas. Pas de lieu commun.

On se sent : Un peu secoué par le niveau de décibels, mais rassuré par la qualité du service. L’été, de grandes portes basculantes s’ouvrent pour laisser entrer l’air frais dans cet ancien garage joliment converti en restaurant.

On aime : La cuisine réconfortante et quelques phrases drôles peintes sur le mur. Ma préférée : « Les bons crus font les meilleures cuites. »

On aime moins : Le bruit.

Luciano Trattoria. 1212, rue Saint-Zotique Est, Montréal. 514 303-1204. http://www.lucianotrattoria.com