(Saint-Anicet) Jacques Leblanc a planté de la vigne dans les années 1990 sur une petite parcelle de terre en bordure de sa maison comme passe-temps. Sa fille Caroline et son gendre Bernard Jalbert ont poussé l’aventure plus loin. Le couple cultive plus de 8000 pieds de vigne dans l’un des endroits les plus chauds de la province.

Tout près de la Voie maritime du Saint-Laurent, non loin de la frontière américaine, le lac Saint-François est très populaire auprès des vacanciers en raison de ses plages et de son eau claire. Au cours du passage de La Presse à la mi-décembre, le lac n’était toujours pas gelé. Ses reflets bleus scintillaient dans le paysage agricole endormi.

Le silo à grains de la famille Leblanc se dresse dans le champ qui borde les rives du lac. C’est une relique du dernier siècle, durant lequel la terre familiale a servi à l’élevage du bétail et à la culture du grain. Depuis quelques années, la vocation des lieux a changé. La vieille grange des Leblanc ne sert plus d’entrepôt à foin, mais de lieu de fabrication du vin.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Les pieds de vignes plantés il y a plusieurs années par Jacques Leblanc

Relève

Derrière le comptoir, Caroline Leblanc débouche les bouteilles avec fébrilité.

Je n’avais ni de connaissances ni de grande passion pour le vin. Mais je voulais garder le projet de mon père vivant.

Caroline Leblanc

Ce projet, c’est un petit vignoble de 1000 vignes plantées dans les années 1990 à côté de la maison familiale. Lorsqu’il a vendu son troupeau et son quota de lait en 1992, Jacques Leblanc se cherchait un passe-temps : il est devenu vigneron. Il a d’abord planté du sabrevois, puis de la petite perle et du frontenac.

Comme la majorité des vignerons de l’époque, Jacques Leblanc n’avait pas de formation en viticulture, mais il avait la passion, la patience et beaucoup d’ingéniosité. À côté de la grange, les vieilles vignes tenues avec les moyens du bord, des fils et des poteaux téléphoniques récupérés dans le village, en témoignent.

« Les vins n’étaient pas toujours bons, avoue son gendre Bernard Jalbert en souriant. Mais parfois, c’était vraiment réussi, à tel point qu’on a eu le goût de se lancer ! »

À la mort de Jacques Leblanc, il y a neuf ans, la famille a dû choisir entre arracher les vignes ou bâtir un vignoble. Caroline et son conjoint Bernard, tous les deux enseignants au secondaire, et parents de quatre enfants, ont choisi la deuxième option.

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Vue aérienne du vignoble

Un vrai projet

Sur le petit coteau qui surplombe le lac Saint-François, les vignes de la famille Leblanc sont emmitouflées dans une épaisse couverture de plastique blanche. La parcelle semble minuscule dans l’immense terre agricole de 71 hectares. Pourtant, Caroline et Bernard cultivent 8000 pieds de vignes, un nombre considérable pour un vignoble en démarrage.

Sous les toiles hivernales, deux pinots, le noir et le gris, sont endormis. Ces variétés européennes sont plus fragiles et ont besoin de beaucoup de chaleur.

Les raisins n’ont cependant pas de problème à mûrir à Saint-Anicet. La petite municipalité enregistre des records de chaleur chaque année.

De plus, la proximité du lac protège le vignoble des gelées printanières, une exception au Québec.

Les vignes sont encore jeunes, mais les pinots gris et noir donnent déjà deux cuvées parfumées et élégantes.

Un peu plus loin, des rangées de variétés hybrides, plus résistantes au climat québécois, poussent dans le champ. Les frontenac, vidal et Louise Swenson font partie du lot. Les fruits de ces jeunes vignes sont assemblés avec les raisins produits dans la parcelle d’origine. Les vins sont ainsi plus complexes et plus fins.

Dans le chai, une collection de bouteilles avec des photos d’enfants sur les étiquettes rappelle les débuts du vignoble. Comme les vignes, les enfants ont grandi. Ils viennent désormais donner un coup de main à l’entreprise rêvée par leur grand-père.

Le Vignoble Leblanc est ouvert sur rendez-vous uniquement.

Consultez le site du Vignoble Leblanc

À déguster

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Quatre bouteilles de vins produits par le Vignoble Leblanc

Pas compliqué 2021

Ce blanc porte bien son nom. Cet assemblage de Swenson White et de frontenac blanc sent bon les fleurs et l’ananas. Ses arômes puissants se retrouvent dans une bouche parfumée, mais sans sucre. L’attaque croquante et rafraîchissante est parfaite pour réveiller les papilles à l’apéritif.

16 $ au vignoble

Frontenac à Laguerre 2021

Les parfums de cannelle et de muscade remplissent le verre de ce joli rouge du Québec. Composé en majorité de frontenac noir, le vin n’est pas corsé, mais il est très fruité. Bleuet, cerise noire et framboise, le tout est savoureux et ira à merveille avec la dinde de Noël.

21 $ au vignoble