Voilà maintenant 17 ans que Robert Charlebois a vendu Unibroue à l’ontarienne Sleeman, qui est depuis passée aux mains de la multinationale japonaise Sapporo. L’intérêt du légendaire chanteur pour la chose brassicole ne s’est pas étiolé pour autant, à tel point qu’il vient de donner son nom à une toute nouvelle bière, La Charleboise, qu’il a élaborée avec l’équipe de la brasserie Les Bières philosophales.

Ça faisait en fait quelques années que Robert Charlebois cajolait l’idée de faire brasser une nouvelle bière ; il avait même pris contact avec quelques microbrasseries bien établies, sans que la démarche débouche sur quelque chose de concret. « Sa passion est restée pour la bière, après toutes ces années, et il a eu un coup de cœur pour une micro du coin, surtout qu’il croit beaucoup à la synchronicité », nous explique Jérôme Charlebois — car c’est le fils du chanteur qui pilote en fait ce nouveau projet brassicole pour le clan Charlebois, d’autant plus que le paternel était plongé au moment de l’entrevue dans les répétitions des premières supplémentaires de son spectacle Robert en CharleboisScope.

Le déclic s’est ainsi fait grâce à Normand Leprohon, voisin du populaire chanteur, dont le fils François-Xavier est partenaire chez Les Bières philosophales, entreprise qui a ouvert son usine et son salon de dégustation à Mirabel au printemps 2021.

Normand nous a fait goûter quelques bières, et on a été vraiment impressionnés. Mon père m’a ensuite demandé de faire venir les gars de la brasserie à la maison, après quoi je lui ai suggéré que ça serait le fun d’en brasser une avec eux pour notre famille et nos amis. Robert m’a plutôt proposé d’en faire une pour vrai !

Jérôme Charlebois

Le brasseur Maxime Ducharme s’est rapidement mis à échanger avec les Charlebois. « Robert m’a raconté l’histoire d’un mélange de bières qu’il avait goûté en Guadeloupe et dans lequel il y avait du piment et du gingembre, nous explique le brasseur de 41 ans, lui aussi musicien à ses heures. Robert s’était déjà fait répondre que ces ingrédients-là ne fonctionnaient pas ensemble, mais moi, ma force, c’est justement d’agencer des ingrédients difficiles ; j’aime ça, les défis. »

Il a fallu près de six mois de recherche, de développement et d’essais pour trouver la recette idéale. « Il a notamment fallu trouver comment on incorpore les ingrédients à la bière, parce qu’il y a plusieurs façons de le faire, que ce soit en morceaux, en jus, lors de l’ébullition ou à la maturation, explique M. Ducharme. J’ai ensuite fait une sélection de quatre types de bières que je brasse déjà et on a trouvé que le profil plus sec de la saison était le plus approprié. »

Robert a vraiment été impliqué pendant le brassage, surtout pour le dosage du piment et du gingembre. Mon père est très perfectionniste, la première brasse n’était d’ailleurs pas à notre goût. On veut que ça plaise à tout le monde, même si ce sont des ingrédients qui ne sont pas nécessairement appréciés de tous.

Jérôme Charlebois

La bière est en effet agréablement relevée, très équilibrée malgré son goût de gingembre volontaire et une effervescence un peu trop contenue.

Une bière qui pourrait ouvrir des portes

PHOTO FOURNIE PAR LES BIÈRES PHILOSOPHALES

La Charleboise, une saison épicée au gingembre et au piment

Maxime Ducharme est conscient que cette association avec Robert Charlebois pourrait se révéler capitale.

Je viens de Chambly, alors si quelqu’un m’avait dit un jour que j’allais brasser avec Charlebois, je n’y aurais jamais cru. Mais je ressens plus de bonheur que de pression ; en fait, mon principal petit stress que j’ai, c’est celui d’augmenter la production…

Maxime Ducharme, de la microbrasserie Les Bières philosophales

Pour l’instant, Les Bières philosophales ont une capacité de brassage de 16 000 litres ; l’entreprise pourrait monter à 25 000 litres et a l’espace suffisant pour installer l’équipement qui pourrait doubler cette capacité. « On a réussi à se tailler une place dans le milieu par la qualité des bières de notre gamme régulière, mais avec Robert, c’est le next level, reconnaît Maxime Ducharme. La Charleboise va nous ouvrir des portes, c’est sûr. Si on a besoin de brasser plus, on va engager un brasseur de plus, on va acheter des cuves de plus. On veut en vendre, de la bière ; si on a l’opportunité, on va la prendre ! »

Du côté du clan Charlebois, on tempère un peu les ardeurs, même si on songe déjà à créer des variantes saisonnières de La Charleboise. « Robert fait ça par pur plaisir, c’est pourquoi il n’y aura pas d’effort de promotion, il sait bien qu’on n’est plus dans le même monde que lors de la Maudite tournée ; il ne mettra pas de gilet des Bières philosophales sur scène, soutient en riant Jérôme Charlebois. Mais s’il a sorti cette bière, c’est parce qu’il l’aime et qu’il en est fier. »

La Charleboise est offerte actuellement dans quelques épiceries et boutiques de Sainte-Adèle, Morin-Heights et Saint-Sauveur, de même qu’à l’espace La Réserve de la Ferme Guyon, à Chambly, le projet de Sébastien Dion, le fils d’André, ancien partenaire de Robert Charlebois chez Unibroue.

Rectificatif
Contrairement à ce que nous avons écrit dans l’article original publié le 3 décembre, la capacité de brassage des Bières philosophales doit se lire en litres et non en hectolitres.

Consultez le site de Les Bières philosophales