(Lyon) Un litige oppose le fils de Paul Bocuse, le chef mythique lyonnais décédé en 2018, et l’institut culinaire éponyme basé à Lyon, autour de l’utilisation de ce nom célèbre dans le monde entier, a-t-on appris auprès des parties.

Les avocats de Jérôme Bocuse ont dénoncé devant le tribunal judiciaire de Lyon le contrat signé par le chef de son vivant et espèrent une décision « au plus tard fin 2023 », a expliqué à l’AFP Me Carine Piccio.

« Comme c’est un contrat dont on a déjà notifié la résiliation pour fautes graves et répétées dans le temps, on veut faire acter la situation au tribunal », précise-t-elle.

Du côté de l’Institut Paul Bocuse, école de management de l’hôtellerie, de la restauration et des arts culinaires (IPB), c’est « l’incompréhension ».

« On nous fait des procès d’intention sur des approches et des divergences qui auraient des connotations économiques. Ce n’est pas le cas », regrette Dominique Giraudier, le directeur général de cet institut privé qui accueille quelque 1200 étudiants sur dix campus.  

La presse locale suit de près cette affaire que les avocats du fils héritier décrivent comme liée à « un droit d’usage précaire du nom Bocuse ».

« Ce contrat, qui n’est pas une licence de marque, n’accorde rien d’autre à l’institut, pas de commercialisation du nom Bocuse, aucune association du nom Bocuse à des marques X ou Y, etc. », explique Me Carine Piccio.

Or, le fils du défunt chef estime que l’Institut fait « une vraie utilisation commerciale du nom », par exemple avec des produits surgelés estampillés de « recettes de l’Institut Paul Bocuse ».

Qui est titulaire de la marque ? L’Institut Paul Bocuse peut-il revendiquer des droits et avoir une « utilisation du nom de l’école de façon publique et paisible », comme le dit le conseil de l’IPB ? La justice devra trancher.

« Toute sa carrière Paul Bocuse a promu les produits frais, les circuits courts, s’est attaché à ce que son nom et son image portent des valeurs de tradition. Il n’était pas question pour lui que l’institut utilise son nom dans un sens contraire à ce qu’il défendait », avance Me Piccio.

« Je respecte le souhait de Jérôme Bocuse de faire ce qu’il veut de sa marque et son nom patronymique, mais on ne peut accuser l’école d’avoir dévoyé cela quand on voit les succès de l’école, et ce que cela peut porter comme image positive en mémoire de ce grand chef », affirme Dominique Giraudier.

« On fait partie des meilleures écoles recensées dans le monde sur nos métiers », souligne-t-il, rappelant que la stratégie est « portée par un conseil d’administration qui réunit une vingtaine d’entreprises et de mécènes ».