Si vous deviez vous vider le cœur au sujet du président russe, que feriez-vous ? En réponse à cette question, des hurluberlus très confus ont jugé bon de téléphoner aux succursales de la Maison de la Poutine, restaurants implantés en France, pour insulter et menacer ces ambassadeurs du plat emblématique québécois. Une situation tragi-comique qui exaspère le personnel.

Certains individus gagneraient à se renseigner sur le Québec et sa gastronomie : cela leur éviterait de confondre un président belliqueux avec une assiette de frites, de fromage en grains et de sauce brune. Depuis une semaine, les diverses enseignes de la Maison de la Poutine reçoivent régulièrement des appels téléphoniques agressifs et menaçants de la part d’interlocuteurs qui semblent établir un lien entre l’invasion en Ukraine et le versement d’une garniture aux trois poivres.

Les trois succursales – on en trouve deux à Paris, fondées en 2017, et une à Toulouse, établie en 2019 – sont concernées, indique à La Presse Erwan Caradec, cofondateur des restaurants. « Nous recevons quatre ou cinq appels par jour de gens qui nous tombent dessus avec des menaces et des insultes, disent qu’il faut arrêter de tuer en Ukraine. Bon, personne ne dit qu’il va venir poser une bombe, mais cela met beaucoup de stress sur nos équipes », confie-t-il, joint par téléphone à Toulouse.

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Certains y voient une ressemblance avec un président russe. Cela mérite quelques éclaircissements.

« On essaie de leur expliquer que nous sommes un restaurant, et que la poutine est un plat québécois qui n’a aucun rapport avec le président russe, se désole une employée de la Maison de la Poutine de la rue Mandar, à Paris. Mais on a beau le leur expliquer, ils ne veulent pas comprendre… »

En faire tout un plat

Face à cette situation assez kafkaïenne, merci, les propriétaires de l’institution ont publié un communiqué jeudi pour rappeler que poutine et Poutine, ce n’est pas du tout le même combat. « On a senti le besoin de protéger nos équipes en diffusant ce communiqué. Cela dit, il n’y a pas grand-chose d’autre à faire. Nous sommes obligés de prendre les appels des clients pour les commandes », se résigne M. Caradec. Au cas où les employés se retrouvent avec l’un de ces énergumènes à l’autre bout du combiné, ils se bornent à leur servir patiemment le même mantra : ici, on sert de la poutine, un plat québécois et, non, ça n’a rien, mais alors rien à voir avec Vladimir Poutine…

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Le communiqué diffusé par le restaurant veut mettre les choses au point.

De nombreux internautes ont réagi avec un mélange de consternation et d’amusement en découvrant le communiqué diffusé sur les réseaux sociaux. Certains suggèrent de mettre une lettre minuscule à « poutine » dans le nom des restos, pour atténuer la confusion. Mais quelque chose nous dit que, quelle que soit la sauce à laquelle on leur sert des explications, les bornés reviendront toujours à la charge.

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Erwan Caradec, cofondateur de la Maison de la Poutine, en France.

En attendant, la Maison de la Poutine ne lâchera pas la patate. « On ne changera certainement pas le nom du plat, alors ce serait bien qu’il change son nom, ce p***** de dictateur ! », conclut, sur un ton aigre-doux, le cofondateur.