(Boucherville) Le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon rejette toute forme de fusion ou d’entente électorale avec Québec solidaire, au lendemain d’une élection difficile où le Parti québécois a subi la pire défaite de son histoire. Il mise tout sur une réforme du mode de scrutin écartée par le gouvernement Legault et l’opposition officielle libérale.

Lisez Tout sur les élections du 3 octobre

« Ce n’est pas la bonne piste de réflexion. C’est comme si on se disait : on a un système à la limite de l’absurde. Et ce qu’on va faire, c’est qu’on va demander à des partis politiques qui ne pensent pas la même chose de se fusionner parce qu’on n’est pas capable de donner une place à chaque parti », a dénoncé le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon, qui doit en partie sa victoire dans Camille-Laurin au retrait de la candidate de Québec solidaire.

« Le seul raisonnement qui tient, c’est de dire que c’est un problème de mode de scrutin. On doit le réformer pour donner une place équitable à toutes sortes de voix qui ont des points en commun, mais qui ont aussi des différences marquées », a-t-il dit.

Mais la Coalition avenir Québec a tourné le dos à l’idée de réforme du mode de scrutin, même si François Legault avait promis en 2018 de ne pas faire un « Justin Trudeau » de lui-même. Et le Parti libéral s’y objecte également. M. St-Pierre Plamondon croit cependant que « la température de la pièce » a changé, et que les résultats de cette élection — l’opposition officielle libérale a reçu moins de votes que le Parti québécois (3 députés) et Québec solidaire (11 députés) — vont choquer l’opinion publique. « C’est l’opinion populaire, la clé. On frappe un mur qui est évident. […] L’injustice est vue par tout le monde », a-t-il expliqué.

Contraint à la rue

Il s’est de nouveau porté à la défense du Parti conservateur d’Éric Duhaime, qui a obtenu 13 % des voix, mais aucun député. « Je ne partage presque aucune idée avec Éric Duhaime, mais il n’est pas normal qu’un parti qui fait plus de 10 % ne soit pas entendu à l’Assemblée nationale », a-t-il lancé. Il craint que les gens qui ont appuyé M. Duhaime « ne soient contraints à la rue, ou au quasi-mutisme par gourmandise du gouvernement ».

Plus de budget

Mais en attendant cette réforme qui risque bien de ne jamais arriver, le Parti québécois n’a que trois représentants à l’Assemblée nationale : le chef péquiste, ainsi que Pascal Bérubé (Matane-Matapédia) et Joël Arseneau (Îles-de-la-Madeleine). Partout ailleurs, les digues ont cédé, et le raz-de-marée caquiste a tout raflé. M. St-Pierre Plamondon attribue ces défaites à l’effondrement du vote libéral, qui a profité à la Coalition avenir Québec, mais cela n’explique pas tout. Sur la Côte-Nord, le PQ a perdu des milliers de voix au profit de la CAQ, par exemple.

Et avec trois députés, le PQ n’aura pas la vie facile à l’Assemblée nationale. M. St-Pierre Plamondon en appelle au sens du devoir de la Coalition avenir Québec et du Parti libéral pour qu’il obtienne un budget de fonctionnement et une place équivalente à son poids électoral en termes de vote.

« Je m’attends à ce qu’on me donne une proportion de questions qui tient compte du pourcentage du vote populaire, et un budget de fonctionnement qui assure que la voix du parti québécois soit de niveau, en termes de qualité, ce qui demande de la recherche et du personnel politique », a-t-il affirmé.

Il met en garde la CAQ et le PLQ de ne pas « aggraver l’injustice » en ne « permettant pas au PQ d’avoir un budget » conséquent. S’il se retrouve avec des miettes, ce sera « une attaque envers la démocratie qui est volontaire », a-t-il lancé.