Québec solidaire dénonce le « climat toxique » entourant l’élection d’Haroun Bouazzi dans Maurice-Richard, une première percée pour le parti dans cette circonscription. À peine élu, le principal intéressé a en effet été la cible de commentaires haineux en ligne.

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« Le formidable Haroun Bouazzi a mérité sa place à l’Assemblée nationale. La haine et l’islamophobie n’ont aucune place au Québec. Je nous invite collectivement, en tant qu’élus et citoyens, à dénoncer ce climat toxique et à accueillir chaleureusement notre nouveau collègue », a martelé la co-porte-parole solidaire, Manon Massé, dans un gazouillis en début de journée, mardi.

Elle réagissait ainsi à des propos haineux publiés en ligne contre le solidaire. Des internautes ont notamment affirmé qu’il incarnait « le lobby islamiste chez Québec solidaire », ou encore que la formation était devenue « un parti islamo-gauchiste ». D’autres ont aussi reproché au nouvel élu solidaire d’avoir « défendu la charia », ou encore de tenir « des propos pro-islam radical ».

En tant que militant et ancien coprésident et cofondateur de l’Association des musulmans et des Arabes pour la laïcité au Québec (AMAL), M. Bouazzi, d’origine tunisienne, avait dénoncé dans les dernières années la stigmatisation à l’égard des communautés musulmanes.

Sur Twitter, le nouvel élu solidaire a assuré mardi qu’il ne se laissera « pas distraire par du bruit ».

Les urgences sont nombreuses : crise climatique, écoles publiques délabrées, crise du logement, système de santé à l’agonie, pénurie de main-d’œuvre.

Haroun Bouazzi, député de Québec solidaire élu dans Maurice-Richard

Le député caquiste réélu dans Deux-Montagnes, Benoit Charette, qui est ministre sortant de la Lutte contre le racisme, a aussi jugé ce genre de propos « très déplorables ». « Je souhaite la plus cordiale des bienvenues à l’Assemblée nationale à mon nouveau collègue Haroun Bouazzi. Ce sera un plaisir de collaborer avec lui sur différents enjeux », a-t-il écrit.

En route vers un premier mandat

Haroun Bouazzi était jusqu’ici vice-président adjoint en architecture d’entreprise et de solutions de la Banque de développement du Canada (BDC). En entrevue avec La Presse à la fin du mois de septembre, il disait sentir « un sentiment d’urgence d’essayer de nouvelles choses » dans Maurice-Richard.

Un enjeu revient cette année sur toutes les lèvres dans cette circonscription : la rénovation et l’agrandissement de l’école Sophie-Barat, dont l’état de décrépitude ne fait plus de doute. Une partie du bâtiment principal a même été condamnée en 2020 en raison de risques d’effondrement, ce qui a forcé de nombreux élèves à suivre leurs cours dans un autre bâtiment.

L’école secondaire est à ce point en mauvais état qu’une récente visite de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) a montré que des correctifs urgents devaient être apportés pour régler des problèmes de possible exposition à l’amiante et aux moisissures.

« Il y a eu un laisser-aller terrible depuis plus d’une décennie, avait estimé M. Bouazzi en entrevue. Les gouvernements ont laissé pourrir ce joyau. »

Nous, on va s’assurer de l’imputabilité des personnes qui seront responsables de corriger la situation.

Haroun Bouazzi, député de Québec solidaire élu dans Maurice-Richard

C’est la première fois que Québec solidaire obtient un siège dans Maurice-Richard, où la députée sortante Marie Montpetit, exclue du caucus libéral dans la foulée d’allégations de harcèlement, avait annoncé qu’elle ne se représenterait pas. Dans cette circonscription souvent baromètre, on s’est plutôt traditionnellement échangé les députés libéraux et péquistes au fil du temps.