Québec solidaire (QS) promettait de conquérir de nouvelles circonscriptions. Mieux : il espérait devenir l’opposition officielle. Mais au terme de la course, lundi, le parti de gauche a fini la campagne électorale avec un seul député de plus qu’en 2018, avec deux gains à Montréal, mais aussi une défaite cuisante en Abitibi-Témiscamingue.

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« Québec solidaire va être une opposition vigilante. On va être une opposition de propositions, on va proposer des solutions et on va s’opposer à toutes les mauvaises décisions [de François Legault]. […] La lutte aux changements climatiques ne peut pas attendre quatre ans. C’est dans le prochain mandat que ça passe ou ça casse », a affirmé le co-porte-parole du parti, Gabriel Nadeau-Dubois, aux militants rassemblés au MTelus à Montréal.

QS s’est enraciné encore davantage dans la métropole. Les troupes de M. Nadeau-Dubois ont obtenu les clés de la circonscription de Maurice-Richard, dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville. Leur candidat Haroun Bouazzi, de la Banque de développement du Canada, l’a emporté face à l’avocate Audrey Murray, qui se présentait pour la Coalition avenir Québec (CAQ).

M. Nadeau-Dubois pourra aussi compter sur l’arrivée à Québec de la présidente du parti, Alejandra Zaga Mendez. La Québécoise d’origine péruvienne a talonné la députée libérale sortante dans la circonscription de Verdun, Isabelle Melançon. Elle a finalement obtenue une avance de plus de 400 voix sur son adversaire.

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Gabriel-Nadeau Dubois a été réélu dans Gouin.

Dans la circonscription de Rouyn-Noranda–Témiscamingue, la députée solidaire sortante Émilise Lessard-Therrien a été remerciée par les électeurs, qui ont préféré élire Daniel Bernard, ex-député libéral aujourd’hui caquiste. Cette défaite de QS est crève-cœur pour le parti, qui misait beaucoup sur la réélection de Mme Lessard-Therrien. Cette dernière a été de tous les combats pour que la Fonderie Horne respecte les normes québécoises d’émission d’arsenic.

Sièges maintenus à Québec et à Sherbrooke

Ailleurs au Québec, QS est parvenu à conserver toutes les autres circonscriptions qu’il détenait depuis 2018. Etienne Grandmont a remplacé Catherine Dorion comme député de Taschereau, au centre-ville de Québec. Sol Zanetti est aussi parvenu à garder son siège dans la circonscription voisine de Jean-Lesage, alors que la CAQ a fait tous les efforts pour tenter de faire élire l’ex-enseignante Christiane Gamache, qui se présentait pour la deuxième fois.

En Estrie, où la caravane solidaire est allée à de nombreuses reprises au cours de la campagne électorale, la formation a connu une victoire convaincante dans Sherbrooke. La députée sortante Christine Labrie a ainsi gardé son siège face à l’ex-députée fédérale, ex-mairesse de Longueuil et ex-commentatrice vedette à LCN Caroline St-Hilaire. Elle se présentait pour la CAQ.

Mais dans la circonscription voisine de Saint-François, la candidate vedette solidaire Mélissa Généreux, médecin spécialiste en santé publique, n’a pas réussi le pari de ravir la circonscription à la députée caquiste sortante Geneviève Hébert. À Montréal, les députés sortants Vincent Marissal, Manon Massé, Ruba Ghazal, Andrés Fontecilla, Alexandre Leduc et Gabriel Nadeau-Dubois ont tous été réélus.

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Manon Massé a été réélue dans Sainte-Marie–Saint-Jacques.

Revoir le mode de scrutin

Dans son discours devant les militants solidaires, lundi soir au MTelus, Gabriel Nadeau-Dubois a promis qu’il relancerait le combat afin de réformer le mode de scrutin au Québec. Au cours de la campagne électorale, il a d’ailleurs affirmé que le système était « brisé ».

Au moment où on écrivait ces lignes, Québec solidaire obtenait 14,9 % des suffrages dépouillés, en avance sur les autres partis de l’opposition, et il gagnait 10 circonscriptions. Le Parti conservateur d’Éric Duhaime obtenait pour sa part 13,1 % des suffrages, sans aucun député élu. Le Parti québécois de Paul St-Pierre Plamondon, qui a été élu dans la circonscription montréalaise de Camille-Laurin (anciennement Bourget), a remporté la course dans trois circonscriptions et il obtenait 14,8 % des suffrages. Chez les libéraux de Dominique Anglade, on obtenait 23 sièges et 14,4 % des votes exprimés à l’échelle du Québec.

Le système politique québécois uninominal majoritaire à un tour ne donne pas de sièges au Parlement en fonction du vote populaire. « Il faut que François Legault reconnaisse le problème », a dit M. Nadeau-Dubois. Le premier ministre caquiste a pour sa part affirmé au cours de la campagne électorale que la réforme du mode de scrutin n’était pas une priorité.