Encaissant la pire défaite de leur histoire en termes de vote populaire, les libéraux de Dominique Anglade sont parvenus à sauver les meubles en nombre de sièges. Le parti conserve l’opposition officielle avec l’élection de 21 députés plus que jamais concentrés à Montréal.

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Menacée dans sa circonscription pendant toute la campagne, la cheffe libérale a finalement été réélue dans Saint-Henri–Sainte-Anne avec 36,4 %. Les libéraux ont conservé sans surprises les forteresses de l’ouest de l’île de Montréal, mais ont échappé Maurice-Richard, Verdun et Anjou–Louis-Riel.

Les dégâts ont été davantage causés dans le « 450 », et seul le bastion de Pontiac, en Outaouais, a résisté au raz-de-marée caquiste.

« Les Québécois demandent au Parti libéral du Québec d’être l’opposition officielle à Québec », a lancé Dominique Anglade lors de son arrivée sur la scène du théâtre Corona, autour de 22 h 30, sur la chanson Unstoppable de Sia, qui était devenue l’hymne de sa campagne.

Elle a prononcé un court discours de moins de cinq minutes, entourée des membres de sa famille, sous un tonnerre d’applaudissements de militants entassés dans la salle qui pouvait accueillir 200 personnes.

La leader libérale a à nouveau martelé l’importance de se rassembler derrière le Parti libéral du Québec (PLQ). « Je veux m’adresser à tous les Québécois. Que vous ayez voté pour nous ou pour une autre formation politique, ma porte, notre porte sera toujours ouverte », a-t-elle déclaré.

Si elle parvient à limiter les dégâts, reste que le PLQ a enregistré lundi un creux historique avec 14,4 % du vote populaire. En 2018, les libéraux de Philippe Couillard avaient été chassés du pouvoir avec un résultat historiquement bas de 24,8 % des voix et 31 sièges.

« Je l’entends », a admis Mme Anglade en mêlée de presse. « La réalité, c’est qu’on veut attirer plus de personnes […], on veut élargir la tente le plus possible », a-t-elle ajouté. Pas question pour elle de quitter ses fonctions de cheffe du PLQ. Elle a réitéré lundi son souhait de rester.

« Je ne lâche pas », a-t-elle affirmé aux journalistes.

Vers la reconstruction

Dominique Anglade prend de front dès maintenant la question de la reconstruction de sa formation politique, fragilisée depuis 2018. « Il y a un travail à faire avec l’organisation. Il va falloir poursuivre ce travail-là de manière très déterminée, très forte », a-t-elle souligné.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Dominique Anglade, cheffe du Parti libéral du Québec

Dans son discours, Mme Anglade a d’ailleurs affirmé qu’elle voulait profiter de « l’élan » de la campagne électorale pour poursuivre le travail pour « les prochaines années ».

Des forteresses s’écroulent, d’autres résistent

Les forteresses libérales de Verdun et d’Anjou–Louis-Riel sont passées aux mains de Québec solidaire et de la CAQ à l’issue d’une chaude lutte qui s’est terminé aux petites heures.

Un raz-de-marée caquiste a aussi été évité de justesse dans « le 450 » alors que les libéraux ont conservé les circonscriptions de Chomedey et des Mille-Îles, à Laval. Vimont, Laval-des-Rapides et Fabre sont passées à la CAQ.

Les forteresses de Vaudreuil et La Pinière sont restées dans le camp libéral, mais celle de Laporte a basculé vers la CAQ.

En Outaouais, le député sortant de Pontiac, André Fortin, a résisté à la vague caquiste qui a emporté sa collègue de Hull, Maryse Gaudreault, élue une première fois en 2008.

De nouveaux visages

Les députés sortants Monsef Derraji (Nelligan), Marwah Rizqy (Saint-Laurent), Marc Tanguay (La Fontaine), Enrico Ciccone (Marquette), Filomena Rotiroti (Jeanne-Mance–Viger) et Jennifer Maccarone (Westmount–Saint-Louis) ont notamment conservé leur siège.

Parmi les nouveaux visages, l’ex-candidate à la mairie et ancienne conseillère municipale de Mont-Royal, Michelle Setlakwe, est élue dans Mont-Royal–Outremont, tout comme les avocates Brigitte Garceau (Robert-Baldwin) et Madwa-Nika Cadet (Bourassa-Sauvé).

C’est aussi le cas de l’ex-directeur général et chef des marchés des capitaux à la Banque Scotia, Fred Beauchemin, qui a remporté Marguerite-Bourgeoys. Avec son profil économique, il a été identifié pendant la campagne comme le dauphin de l’ex-ministre des Finances, Carlos Leitão.

Dominique Anglade a connu un début de campagne laborieux marqué par plusieurs embûches liées à l’organisation libérale. Au déclenchement des élections, il lui manquait une bonne dizaine de candidats. Trois candidats et une candidate pressentie se sont également désistés en début de course.

À la fin de la période de mises en candidature, la candidature dans Matane-Matapédia a d’abord été rejetée, puis acceptée après contestation judiciaire. La première moitié de sa campagne a aussi été plombée par une erreur de 16 milliards de dollars dans son cadre financier.

La cheffe libérale est parvenue à redresser la barre après le deuxième débat des chefs en jouant la carte du leadership au féminin et en adoptant un style plus décontracté. Les propos controversés de François Legault et de Jean Boulet sur l’immigration ont redonné de l’oxygène à son message.