(Sherbrooke) Gabriel Nadeau-Dubois élève les attentes : selon lui, Québec solidaire prend du galon depuis le début de la campagne et devient, à près de deux semaines de l’élection, l’adversaire de François Legault dans « une lutte à deux ».

Le chef parlementaire du parti de gauche a voulu faire une démonstration de force samedi à Sherbrooke, où il a fait salle combe au Théâtre Granada pour un évènement-concert, L’Estrie de show. Avant l’ouverture des portes, alors que plusieurs centaines de militants faisaient la file sur le trottoir, la députée sortante, Christine Labrie, ne cachait pas son enthousiasme.

« La dernière fois que j’ai vu une file comme ça pour aller au Granada, c’est quand Charlotte Cardin est venue », a-t-elle dit, alors que la salle se remplissait d’environ 1000 personnes.

« À Sherbrooke, on est dans une lutte à deux, tout comme je pense la campagne au Québec est de plus en plus une lutte à deux », a ajouté M. Nadeau-Dubois. Le dernier sondage Léger, publié dans Le Journal de Montréal, plaçait Québec solidaire à 17 % des intentions de vote, soit un point de pourcentage derrière le Parti libéral, en deuxième place après la Coalition avenir Québec.

PHOTO JEAN ROY, LA TRIBUNE

Manon Massé, co-porte-parole de Québec solidaire

La co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé, a incité les jeunes à voter le 3 octobre pour changer le visage de la politique. « La CAQ a laissé tomber les jeunes », a-t-elle dit alors que Gabriel Nadeau-Dubois déplorait plus tôt dans la journée, à Montréal, que le chef caquiste François Legault n’ait pas assisté à un évènement de Force Jeunesse auquel tous les autres chefs participaient.

Des milliards pour Sherbrooke

Québec solidaire a également promis samedi d’investir 4,2 milliards sur huit ans à Sherbrooke pour y construire deux lignes de tramway et neuf lignes d’autobus à haute fréquence et pour connecter le réseau de transports en commun à son projet de trains électriques Québec rail, qui relierait la ville à Montréal.

Gabriel Nadeau-Dubois a fait cette nouvelle promesse en Estrie, alors que son parti tente le tout pour le tout pour conserver la circonscription de Sherbrooke, où François Legault présente l’ancienne commentatrice Caroline St-Hilaire contre la députée sortante Christine Labrie. Québec solidaire fonde également beaucoup d’espoirs dans la circonscription voisine de Saint-François, où sa candidate est la médecin spécialiste en santé publique Mélissa Généreux.

PHOTO JEAN ROY, LA TRIBUNE

Mélissa Généreux, candidate dans Saint-François, Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de Québec solidaire, et Christine Labrie, candidate dans Sherbrooke

M. Nadeau-Dubois s’est défendu d’avoir présenté vendredi un plan pour créer un réseau de transport ferroviaire public à 10,7 milliards, Québec rail, sans avoir été en mesure d’expliquer précisément comment son parti était arrivé à ce coût.

« Quand on est en campagne électorale […], il faut présenter notre vision. Il faut dire aux Québécois : voici notre niveau d’ambition, voici ce qu’on est prêts à investir, voilà la direction dans laquelle on veut aller. Une fois qu’on est au gouvernement, il faut mettre en branle ces projets-là en s’appuyant sur des études qui existent », a-t-il dit.

QS veut nationaliser 11 lignes de transport par autocar

Afin de créer la société d’État Québec bus, Gabriel Nadeau-Dubois a promis de nationaliser 11 lignes « stratégiques » de transport interurbain par autocar, y compris le corridor entre Montréal et Québec, ce qui aurait pour effet de chasser des entreprises comme Orléans Express, Intercar ou Galland de certains trajets achalandés.

Le chef parlementaire de Québec solidaire s’est montré particulièrement insatisfait samedi du service offert par l’entreprise Keolis Canada, qui exploite Orléans Express au Québec. S’il forme le prochain gouvernement, il souhaite rapatrier dans le secteur public plusieurs trajets actuellement exploités par l’entreprise pour créer Québec bus d’ici quatre ans. M. Nadeau-Dubois avait annoncé vendredi que cette nouvelle société d’État nécessitait un investissement initial de 2 milliards.

« La question que les Québécois doivent se poser, c’est : Orléans Express, est-ce que ça fait le travail ? Est-ce que ça donne du bon service aux Québécois ? Les gens de la Gaspésie, ça fait des années qu’ils savent que la réponse, c’est non. Mais maintenant, c’est même à Montréal et Québec qu’il y a moins de services. Entre Montréal et Québec, en 2022 ! C’est gênant », a-t-il dénoncé.