(Trois-Rivières) La Coalition avenir Québec (CAQ) promet d’en faire davantage pour protéger les lacs et rivières au cours d’un deuxième mandat en injectant près de 150 millions par année dans un fonds bleu. Pour le chef François Legault, son parti est vert, et c’est celui qui en a fait le plus pour l’environnement.

« La CAQ c’est le parti qui en a fait le plus pour lutter contre les changements climatiques. La CAQ, c’est un parti pragmatique, le seul parti qui est capable de relever le défi de la carboneutralité », a dit M. Legault mardi lors d’un point de presse à Trois-Rivières.

La campagne n’est pas officiellement lancée, mais le chef caquiste a déjà laissé tomber les gants. Il s’en prend au chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, qu’il accuse de ne pas avoir de plan chiffré pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du Québec.

« Combien va coûter le plan de M. Nadeau Dubois ? Va-t-il augmenter les impôts de tous les Québécois ? Les Québécois ont le droit de savoir concrètement ce que ça veut dire le plan de GND de réduire les GES de 55 % », a-t-il dit.

En entrevue avec La Presse, M. Nadeau-Dubois a promis un « chantier historique de mobilité » et a affirmé qu’il déposerait rapidement après le déclenchement officiel de la campagne électorale son plan vert.

Guerre de cibles

François Legault affirme de son côté que son plan coûtera 63 milliards, en additionnant les sommes du Plan pour une économie verte et les investissements prévus à long terme dans les transports collectifs. Soulignons toutefois que la CAQ n’a identifié et financé que 51 % « des gestes à poser pour atteindre la cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) à l’horizon 2030 », et que sa cible de -37,5 % par rapport à l’année de référence 1990 en 2030 est plus faible que celles du PLQ, du PQ et de QS.

François Legault estime toutefois que sans plans chiffrés, les partis politiques ne font que « pelleter des nuages ».

Quant à la promesse d’un « Fonds bleu », François Legault explique son utilité en faisant une série de constats déprimants sur la qualité et la quantité de nos réserves d’eau.

— « Les municipalités vivent de plus en plus souvent des pénuries d’eau », en raison des conditions climatiques qui affectent la disponibilité des sources souterraines.

—      Le portrait des contaminants dans les eaux usées des principales villes québécoises n’est pas complet ;

—      Les lacs sont menacés par des « plantes aquatiques exotiques, des taux de phosphore trop élevés, des épisodes d’algues bleu-vert, sans compter les impacts des changements climatiques » ;

– « Plusieurs cours d’eau contiennent trop de pesticides » ;

— « La biodiversité des rivières du sud du Québec est de plus en plus pauvre : la moitié des espèces d’amphibiens et de reptiles sont dans une situation précaire et le taux d’oxygène de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent se détériore ».

Le Fonds bleu, calqué sur le Fonds vert — maintenant appelé le Fonds d’électrification et de changements climatiques (FECC), héritera des sommes générées par une hausse substantielle des redevances exigibles pour l’utilisation de l’eau par les industries, qui financera « en partie » ce fonds, qui aura un budget de 650 millions d’octobre 2022 à 2026.

Nettoyage des berges

Comme avec le Fonds vert, c’est le ministère de l’Environnement qui « coordonnera toutes les actions gouvernementales pour plus de cohérence ».

Reste à savoir si le Fonds bleu évitera les écueils du FECC, qui a encore une fois été écorché en juin par le Commissaire au développement durable, notamment parce que la « quasi-totalité » des actions financées par ce dernier « n’ont pas d’indicateurs ni de cibles adéquates ».

Avec les sommes du Fonds bleu, la CAQ propose une série de nouvelles initiatives ou de bonification de programmes, par exemple la mise aux normes d’installations sanitaires individuelles, l’amélioration du financement pour le Réseau de surveillance volontaire des lacs, le nettoyage des berges et des rivières, et des subventions aux agriculteurs pour revégétaliser les bandes riveraines.

Présentement, la redevance sur l’eau rapporte à l’État 3 millions par année. À la toute fin du mandat, le ministre de l’Environnement, Benoît Charette, avait déposé un projet de loi pour hausser ces redevances, sans toutefois préciser exactement quel montant serait payé par les industriels et les embouteilleurs. François Legault explique aujourd’hui qu’il est « important d’envoyer un signal qu’il ne faut pas gaspiller », mais qu’il est trop tôt pour dire exactement quelle sera l’augmentation.