Paul St-Pierre Plamondon accuse la CAQ d’être « complice » du recul du français au Québec et d’avoir « sciemment consenti » à son déclin en adoptant sa loi 96 qui est nettement « insuffisante ». Un gouvernement péquiste présenterait une nouvelle mouture de la loi 101 dans les 100 premiers jours de son mandat.

Comme dimanche, le Parti québécois fait campagne lundi sur ses fondamentaux en faisant de la protection du français son principal thème. Pendant que la CAQ et le Parti libéral du Québec mettent de l’avant des engagements pour aider le portefeuille des Québécois, le PQ choisit depuis deux jours de parler de la langue.

« Cette campagne porte sur l’avenir du fait français en Amérique. C’est une question qui intéresse tout le monde, c’est une vraie question », a affirmé le chef péquiste promettant de présenter ses propositions pour aider les Québécois à combattre l’inflation galopante au cours des prochains jours. Le PQ n’a pas l’intention de promettre des baisses d’impôt, mais pourrait annoncer des mesures s’en rapprochant.

« Aujourd’hui, on a choisi de parler d’une chose qui est tout aussi réelle, tout aussi fondamentale que le taux d’imposition, en fait c’est une question qui va droit au cœur, qui remonte aux patriotes », s’est défendu Paul St-Pierre Plamondon devant le buste du père de la loi 101, Camille Laurin, érigé au coin des rues Saint-Urbain et Sherbrooke.

Plus tard en journée, le chef péquiste a finalement tenu à se lancer dans l’arène au sujet des baisses d’impôts promises par ses adversaires. « On a assisté [lundi] à une surenchère entre la CAQ et le PLQ et cette surenchère c’est lequel de ces deux partis va nous replonger dans le plus rapidement dans l’austérité », a-t-il rétorqué affirmant que sa formation allait proposer des mesures d’aide « ponctuelles ».

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Paul St-Pierre Plamondon

Le chef du Parti québécois n’a pas mâché ses mots pour critiquer le bilan de la CAQ en matière de protection du français. « La CAQ est responsable et complice du déclin de notre langue. Elle a échoué sur la question linguistique alors qu’elle avait l’opportunité d’agir », a-t-il pesté affirmant que le français « s’efface » au Québec. Il en va de la survie de la nation québécoise sur le plan linguistique et culturel, a-t-il dit.

Les démographes ont aussi affirmé que la réforme de la loi 101 présentée par la CAQ n’inverserait pas le déclin du français.

C’est donc sciemment, en toute connaissance de cause que la CAQ a décidé de consentir à notre déclin tout en nous faisant croire qu’ils ont agi.

Paul St-Pierre Plamondon, chef péquiste

« Les climatosceptiques de la langue »

Selon la formation politique, il y a une « urgence réelle » à agir à la lumière des nouvelles données publiées par Statistique Canada, en août.

La proportion de personnes qui ont déclaré avoir le français comme langue maternelle est notamment en baisse. Elle est passée de 77,1 % à 74,8 % de 2016 à 2021 au Québec. Le pourcentage de Québécois parlant principalement le français à la maison est passé de 79 % à 77,5 % entre 2016 et 2021. La proportion de ceux dont le français est la première langue officielle parlée a continué sa chute pour passer de 83,7 % à 82,2 %.

« Il y a des gens qui sont des climatosceptiques linguistiques alors que des données existent », a-t-il ironisé, décochant une flèche envers le candidat libéral dans Acadie, André A. Morin, qui a dit dimanche ne pas s’inquiéter du recul du français. Lundi, son collègue de Jean-Lesage, Charles Robert a affirmé que la langue parlée à la maison n’est « pas un bon indicateur ».

Paul St-Pierre Plamondon affirme que sa formation « s’attaque à personne » et pas particulièrement à la langue parlée à la maison, un enjeu qui a fait débat lors de la dernière session parlementaire. « On utilise toutes les mesures possibles et toutes les mesures possibles nous parlent du déclin du français », a-t-il dit ajoutant que sa formation considère « tous les indicateurs » pour « redonner une vigueur au français ».

François Legault avait affirmé ce printemps que le français allait disparaître si personne ne le parle à la maison, ce qui lui avait valu moult critiques, notamment des élus du Parti libéral du Québec.

Une nouvelle loi 101

Le Parti québécois a présenté lundi une série de mesures allant de l’imposition de la loi 101 aux cégeps à l’immigration économique « 100 % francophone » pour inverser le déclin du français. L’essentiel de ces propositions était déjà connu. Le PQ avait présenté le projet de loi 190 à l’Assemblée nationale, en novembre 2021.

Mesures qui seraient contenues dans une nouvelle loi 101 :

  • une immigration économique 100 % francophone ;
  • l’imposition de la loi 101 au collégial ;
  • l’obligation, pour tous les étudiants des cégeps, de réussir une épreuve uniforme de français pour obtenir leur diplôme ;
  • le retrait du statut de ville bilingue à celles ayant un faible taux de résidents anglophones (33 %)
  • la création d’un bureau de promotion du contenu culturel québécois.

Le PQ promet aussi de créer un CRTC québécois pour forcer la main aux géants du web d’offrir un ratio de contenu québécois. Il s’agit aussi d’une proposition dévoilée au début de l’été.