Michael Ignatieff a annoncé hier qu'il briguera à nouveau la direction du Parti libéral du Canada.

M. Ignatieff, âgé de 61 ans et leader adjoint du parti, avait terminé deuxième en 2006 alors qu'il était considéré comme le grand favori.

«Ça y est! J'y suis! J'annonce ma candidature à la direction du Parti libéral du Canada, a lancé l'ancien professeur de Harvard au début de sa conférence de presse. Je suis candidat parce que j'aime mon pays, j'aime mon parti et je peux offrir le leadership dont les Canadiens ont besoin dans des temps économiques difficiles. Espoir, opportunité, égalité: ce sont les valeurs pour lesquelles je me battrai comme chef du Parti libéral. Nos valeurs sont plus pertinentes que jamais dans une crise économique grave.»

Alors que la course à la succession de Stéphane Dion prend des allures plus modestes qu'en 2006, avec pour l'instant seulement trois candidats, Michael Ignatieff a pris bien soin hier de préciser qu'il ne se présente pas «contre» ses amis libéraux Bob Rae et Dominic LeBlanc, mais bien contre le premier ministre conservateur, Stephen Harper.

«Ce gouvernement n'a même pas commencé à dire aux Canadiens comment comprendre ce qui leur arrive, a dénoncé M. Ignatieff. Ils n'ont pas préparé notre pays pour des temps difficiles. Ils n'ont pas confronté la crise du secteur industriel. Ils n'ont pas tenté de régler le problème croissant de la productivité au Canada. Ils n'ont pas dit la vérité aux Canadiens.»

La première chose que le député d'Etobicoke-Lakeshore entend faire s'il est élu à la direction du PLC sera d'organiser dans les 100 jours suivant le congrès d'investiture, prévu à Vancouver en mai prochain, une grande conférence à Kingston, en Ontario, consacrée aux grands défis du XXIe siècle. M. Ignatieff y invitera des savants, des militants, des écologistes ainsi que des intervenants de plusieurs domaines afin d'engager le Parti libéral du Canada sur la voie du renouveau.

M. Ignatieff a rappelé que Lester B. Pearson avait organisé en 1960 une telle conférence, justement à Kingston, où des universitaires, des politiciens et des leaders de tous les domaines de la vie canadienne s'étaient réunis pour brasser des idées et mettre au point un plan d'action qui avait par la suite très bien réussi au premier ministre Pearson.

Michael Ignatieff a par ailleurs affirmé hier qu'il avait beaucoup changé depuis son entrée en politique, en janvier 2006, et qu'il était mieux pourvu maintenant pour diriger le Parti libéral fédéral.

«Je crois que je suis plus expérimenté, a-t-il dit. J'ai fait le travail dur à la Chambre des communes, quatre fois par semaine, contre M. Harper, contre ce gouvernement très faible. Je suis mieux connu partout au pays par la base militante du parti. J'ai un meilleur sens du parti; c'est davantage dans mes veines qu'autrefois. Et je crois que j'apporte à la course une certaine expérience de vie. Pas simplement la vie d'un homme politique, mais celle aussi d'un homme qui a été journaliste, qui a été reporter de guerre, qui est père de famille, qui a connu toutes les expériences d'une vie. Cela fait contraste avec M. Harper, qui est un homme politique 24 heures sur 24. Moi j'ai fait autre chose dans la vie. Et toute cette expérience de vie me donne une certaine compréhension des Canadiens, de leurs valeurs, de ce qui compte pour eux.»