À son premier mandat, le gouvernement de la CAQ irradiait, même dans la noirceur de la pandémie, et peut-être aussi grâce à elle.

Le moins qu’on puisse dire est qu’il n’ensoleille plus depuis, que la troisième voie politique qu’il représente connaît une éclipse, qui est en train de devenir permanente.

Et là, M. Legault tente d’écumer, se pile sur le gros orteil pour faire fâché, renfrogne un sourire de celui qui rit de sa propre blague, en menaçant le fédéral d’un référendum sur l’immigration si rien ne change.

Ha ben toé ! Allo, l’éclair de génie ! Ça doit paniquer pas ordinaire à Ottawa…

Il joue à l’agace ? Il a trouvé par hasard du courage dans le fond de ses poches ?

Ou, comme l’a écrit Paul Journet⁠1, qu’une entente serait peut-être à portée de main avec le fédéral, et j’ajoute qu’ainsi le PM en profiterait pour faker les gros bras ?

Le problème est que les Québécois ne le croient plus. Quand on perd de la crédibilité, cela s’applique à tous les sujets pour un bout, y compris une thématique aussi clivante que l’immigration.

Cela m’amène à vous dire que j’ai aussi lu le livre qui raconte l’histoire de la création de la troisième voie politique qui a mené à l’élection de la CAQ : À la conquête du pouvoir, de Pascal Mailhot et d’Éric Montigny. Une œuvre utile et nécessaire.

Ce qui m’a sauté aux yeux une fois de plus à sa lecture est l’immense courage de Mario Dumont et de Jean Allaire, qui ont quitté le Parti libéral du Québec pour fonder l’Action démocratique du Québec.

Bien sûr, François Legault mérite ce qui lui arrive pour avoir créé la Coalition avenir Québec, on peut toutefois prétendre que M. Dumont avait ouvert le chemin et fait la preuve qu’il y avait de l’intérêt pour une nouvelle voie au Québec.

Mais jusqu’à présent, le travail de cette troisième voie, quant à la protection des pouvoirs du Québec, est comme le train fou sur le troisième lien : mené à l’aveugle.

Rappelons que cette nouvelle avenue politique ne souhaitait plus la souveraineté du Québec, et encore moins d’un fédéralisme centralisateur, et devait se battre pour protéger les pouvoirs que nous confère la Constitution canadienne, et même aller en chercher d’autres.

Le résultat ? Prout, prout, prout ! Nada !

Le gouvernement du Québec se fait tasser dans le coin comme jamais par l’État fédéral. Le premier ministre Trudeau pilasse allègrement dans le champ de compétences constitutionnelles du Québec, et pas à la recherche de marguerites, je ne vous le fais pas dire !

Est-ce un échec de la troisième voie ?

Ça ressemble pas mal à ça. Quand ça a quatre pattes, que c’est poilu et que ça miaule, on appelle ça un chat.

Maintenant, est-ce que la population se fout des chicanes de pouvoir entre les deux gouvernements ? Bien sûr qu’elle s’en tape ! Est-ce que c’est une fatalité ? Absolument pas.

Il m’arrive de penser que l’Assemblée nationale adoptera je ne sais quelle loi, afin qu’aux prochaines élections, on nous fasse voter, parallèlement au parti politique que nous désirons, sur quelque chose comme le respect de nos compétences et une couple de demandes de pouvoirs supplémentaires.

Pourquoi ? Pour sauver l’arrière-train de la CAQ.

En prétendant brasser la cage et créer un nouveau rapport de force « relatif » avec Ottawa.

Ainsi, le gouvernement ferait exactement ce pour quoi, entre autres, une troisième voie existe : défendre les intérêts du Québec.

Il y aurait là peut-être à boire et à manger pour plusieurs dans ces questions.

Inutile, du tataouinage politique ? Oui, à première vue, mais pas tant que ça !

En tout cas, M. Legault, ou plutôt son successeur, pourrait être tenté. Parce qu’avoir les deux fesses sur la clôture, c’est très inconfortable, et on peut éventuellement prendre une maudite débarque.

Vous me direz que, de toute façon, peu importe la réponse, le fédéral s’en balancera. C’est bien certain, on n’en doute pas une seconde.

Vous avez peur d’un Non comme réponse ? Ce serait étonnant. Mais si c’était le cas, on saurait où on en est.

Vous pouvez imaginer plein de scénarios dans de telles élections assorties d’un vote parallèle. Et j’imagine les partis se dépatouiller avec la bête. Un spectacle, toé chose !

En tout cas, il y aurait du mouvement, il se passerait quelque chose, en plus de la proposition de référendum sur la souveraineté du Parti québécois.

Actuellement, on est ben, ben accotés dans le fond du cul-de-sac, pas capables de se revirer de bord.

Oui, je sais, c’est très hypothétique comme flash, mais on ne sait jamais, le gouvernement pourrait se ramasser tellement dans la merde à l’approche des élections qu’il pourrait ne lui rester que cette stratégie.

Je me demande parfois ce que M. Dumont ferait s’il était dans les culottes du premier ministre actuellement…

Entre nous

Les politiciens sont bien tous pareils quand ils sentent le pouvoir. Voilà que le chef du Parti québécois, après avoir été contre, a réussi à semer le doute, et a dû se faire pousser dans le derrière pour finalement cracher qu’il ne souhaitait pas de troisième lien routier entre les deux rives dans la région de Québec. Le problème chez nous, c’est que maintenant on ne le croit plus. Bravo, champion !

1. Lisez la chronique « Le dernier bluff » de Paul Journet Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue