Les batteries sont-elles en train de devenir notre nouveau projet de société au Québec ?

En tout cas, ça commence à ressembler à ça ! Parce que l’argent de nos taxes sort à pleine porte pour nourrir l’ogre, « l’économie de batteries ».

Le président de la Banque Nationale, Laurent Ferreira, a publiquement bougonné dans les derniers jours contre les gouvernements et cette stratégie de développement économique.

On est plusieurs à se questionner sur ce qui semble devenir le fétiche de notre avenir au Québec : la batterie de véhicules électriques et ses composantes.

M. Ferreira a remis en question l’idée d’utiliser nos impôts, et ceux de nos propres entreprises, pour arroser à coup de milliards de dollars de subventions des entreprises étrangères pour qu’elles daignent s’établir chez nous.

Le plus malaisant est cette impression de reculer dans le temps, des décennies en arrière, et de revenir à un développement économique dit exogène, c’est-à-dire une économie qui aurait besoin, comme jadis, du salut de l’extérieur pour exister, comme la venue d’entreprises étrangères.

Alors qu’il me semblait que nous étions rendus ailleurs, que nous avions compris que notre avenir passait en priorité par du développement endogène, qui fait appel à l’entrepreneuriat d’ici, à l’interaction de nos forces vives et à notre sens de l’innovation dans tellement de domaines. Et en comptant sur un avantage difficilement imitable ailleurs : notre hydro-électricité.

Back to the future !

L’idée n’est pas de bouder la venue d’industriels étrangers qui participent à notre développement. Mais on a le sentiment actuellement que cette stratégie est systématique et débridée.

Et n’est-ce pas dangereux de se fier à la fidélité de ces entreprises internationales ? Car certaines nous ont fait dans les mains par le passé.

Demandez aux frères Marc et Charles Dutil, qui dirigent Manac et Groupe Canam en Beauce, et qui côtoient quotidiennement leurs employés, s’ils y réfléchiraient à deux fois et plus avant de fermer une de leurs usines dans cette région.

On s’est déjà fait flusher par des dirigeants étrangers sans états d’âme, s’en tapant du Québec et même des ententes d’aide financière signées avec les gouvernements.

Bien sûr, nous y gagnerons en revenus fiscaux et parafiscaux.

Mais le coût par emploi créé est monstrueux ! Auquel il faut probablement ajouter des tarifs d’électricité avantageux. Reverra-t-on la couleur de notre argent un jour ? Quand ? J’ai lu plusieurs chiffres, qui vont de 5 à 20 ans. Où est la vérité ?

C’est de l’oseille en calveisse, ça !

La recherche et les technologies relatives au stockage d’énergie des batteries évoluent très rapidement. Y a-t-il des risques que les technologies des entreprises étrangères dans lesquelles nous investissons deviennent obsolètes ?

Sommes-nous dans un phénomène de ruée économique du type « on singe les autres » ? Où tous les pays du monde sautent sur le même nouveau steak ? C’est-à-dire que nous compétitionnons dans un domaine où toute la planète veut investir, comme les États-Unis et la Chine ?

Les Américains avec des investissements gouvernementaux démentiels provenant de l’Inflation Reduction Act, et les Chinois avec leur position dominante quant aux minéraux qu’exigent ces technologies.

Rappelons que lors de l’invention du chemin de fer, au XIXsiècle, une incroyable orgie d’investissements a eu lieu en Occident, particulièrement aux États-Unis, qui a fait que des chemins de fer parallèles se sont même construits sur le territoire dans une course folle.

Par rapport au marché disponible, beaucoup de projets ont crevé et d’innombrables investisseurs y ont laissé leur peau.

Le même phénomène s’est produit lors de l’invention de la fibre optique. Encore là, la folie s’est emparée des investisseurs et on a aussi eu droit à la construction de réseaux de fibre parallèles, qui ont mené aux mêmes résultats.

Et en ces temps de rareté de la main-d’œuvre, est-ce qu’on ne va pas amplifier le problème en ne tentant que de déplacer des employés de lieux, de les voler à d’autres, et ainsi augmenter les coûts de production d’entreprises québécoises ?

M. Ferreira s’est demandé quel serait le résultat si on investissait les mêmes sommes dans des entreprises canadiennes. Quelqu’un y a pensé ?

Et combien d’autres questions.

Je dois par ailleurs admettre que je trouve remarquable de voir deux ministres québécois travailler si étroitement au développement économique du Québec.

François-Philippe Champagne et Pierre Fitzgibbon font une belle démonstration d’énergie et d’accointance. Un ministre fédéral québécois aux commandes, ça peut faire la différence.

Bravo ! Mais ils doivent nous rassurer sur leurs orientations. Nous souhaitons tous qu’ils aient raison, pour notre bien-être collectif.

Ainsi, vivement et rapidement, des débats publics sur l’économie de batteries, comme sur notre avenir énergétique, par ailleurs. Il faudra bien un jour comprendre le plan de match global du gouvernement du Québec.

Pour l’avoir déjà vécu, il y a quelque chose de potentiellement malsain dans ces surenchères entre autorités politiques, à même l’argent public, pour attirer ces entreprises. Il n’y a souvent plus de logique financière, et les discussions dérivent dans le stratosphérique.

Et finalement, partant du fait que notre économie va bien et a de bonnes assises, la question à se poser, pour paraphraser un certain McSween : « À ce prix-là, en a-t-on vraiment besoin ? »

Entre nous

À Québec, on est curieux de connaître les résultats de l’élection partielle dans Jean-Talon, ce lundi. Sentir l’humeur politique locale, et un peu québécoise…

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