Les médecins qui souhaitent offrir au privé des soins normalement assurés par l’État et faire payer directement leurs patients doivent interrompre leur participation au régime public en avisant la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ).

Le règlement ne les empêche cependant pas de faire des « sauts de puce » de courte durée d’un régime à l’autre, ce qui permet à plusieurs praticiens de la province de partager leur temps entre les deux.

Un préavis de 30 jours est requis pour interrompre la participation au régime public, participation qui peut être relancée avec un préavis de 8 jours.

Le DPascal-André Vendittoli, un chirurgien orthopédiste qui a longtemps pratiqué à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont tout en réalisant des opérations au privé avant de se consacrer entièrement à la médecine privée, note qu’il était frustré de ne pas pouvoir opérer plus souvent dans le système public.

Son temps en bloc opératoire n’était pas majoré pour refléter le nombre important de patients sur sa liste d’attente par rapport à celle de collègues.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Le DPascal-André Vendittoli, chirurgien orthopédiste

Avant, je faisais environ 250 interventions par année, alors que maintenant, c’est plutôt 500.

Le DPascal-André Vendittoli, chirurgien orthopédiste au privé

Le praticien note qu’il n’en pouvait plus par ailleurs de voir des patients souffrants lui demander son aide sans pouvoir faire quoi que ce soit, faute de ressources pour opérer.

« Les gens qui viennent me voir disent qu’ils ne peuvent se permettre d’attendre des années et sont prêts à payer », note le DVendittoli, qui renvoie la responsabilité de la situation au gouvernement.

Trois collègues de l’hôpital avec qui il est associé dans sa clinique se désaffilient régulièrement de façon temporaire de la RAMQ pour opérer dans la clinique privée, qui réalise plus d’un millier d’interventions par année en orthopédie.

Selon des données fournies par l’organisation gouvernementale, près de 40 % des médecins spécialistes non participants au régime public en 2022-2023 se sont désaffiliés plus d’une fois durant cette période.

Le Collège des médecins s’inquiète de cette pratique et demande au gouvernement de « raffermir » les règles en place pour éviter que des médecins puissent offrir « presque simultanément » les mêmes services dans les secteurs public et privé et « engendrer des situations de médecine à deux vitesses ».