La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

On dit de novembre que c’est le mois des morts, et non des personnes décédées.

Le vocabulaire associé à la mort peut sembler trop brutal à certains. Ils emploieront alors le mot décès, plutôt que mort. Ils diront d’une personne qu’elle est décédée, au lieu de dire qu’elle est morte. On peut bien sûr s’exprimer à sa guise dans sa vie privée. Mais les euphémismes, soit l’atténuation « d’une notion dont l’expression directe aurait quelque chose de déplaisant, de choquant », ne sont pas toujours de mise, dans un journal, dans les articles qui traitent notamment des faits divers ou de l’actualité internationale ou judiciaire.

Le nom décès est ainsi un terme surtout administratif, qui « n’est généralement pas utilisé en cas de mort accidentelle ou violente », lit-on dans le Multidictionnaire de la langue française, entre autres références. Cet accident a fait des morts. Mort tragique, suspecte. Publier un ouvrage après la mort de son auteur (on dit aussi posthume, en ce sens).

L’adjectif décédé est, de même, censé s’employer pour une personne morte de cause naturelle. On écrira plutôt que des migrants ont péri en mer, que des civils ont été tués par une bombe, qu’une personnalité est morte subitement ou qu’elle a succombé à une crise cardiaque, qu’un homme a été abattu (s’il a été tué avec une arme à feu), qu’un homme politique a été assassiné (un assassinat étant un meurtre commis avec préméditation, ou un guet-apens).

De plus, décès et décéder s’emploient seulement pour désigner la mort d’une personne, et non celle d’un animal. Près de 200 dauphins-pilotes sont morts après s’être échoués sur une plage de Tasmanie.

On croit souvent que l’expression s’immoler par le feu est un pléonasme. Ce n’est pas le cas. S’immoler signifie ici simplement « faire le sacrifice de sa vie ». Un moine bouddhiste s’immole par le feu.

Enfin, par souci de précision, on ne doit pas confondre les verbes décimer et exterminer. Le verbe décimer signifie « faire périr un grand nombre de personnes dans un ensemble » — il avait le sens, en latin, de « punir de mort un homme sur dix » —, tandis que le verbe exterminer signifie « faire périr jusqu’au dernier ».

Courrier

Doit-on mettre un s ou non ?

En écrivant une carte de souhaits, j’ai voulu dire « Profites-en bien ! ». Mais ce devrait être « Profite-en bien », non ? D’où vient ce son de s ou de ?

Réponse

Les verbes du premier groupe, notamment, comme profiter, ne prennent pas de s final à la deuxième personne du singulier de l’impératif présent. On écrit Profite bien de cette journée ou Amuse-toi bien (sans s).

On ajoute un s dit euphonique aux verbes qui n’en ont pas pour faciliter la liaison avec les pronoms adverbiaux en et y. C’est pourquoi on doit écrire Profites-en bien.

Une lettre dite euphonique sert à faciliter la prononciation pour « éviter de choquer l’oreille ». C’est sa seule fonction. Je t’ai acheté un gâteau d’anniversaire ; manges-en tant que tu veux. Vas-y, ne te gêne pas.

Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique. Elle répondra à une question chaque dimanche.