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Sur nos pistes cyclables, la vitesse excessive des véhicules électriques de tout genre fait peur ! Devrait-on penser à un radar pour vérifier la vitesse ? Qu’en est-il des accidents ?

Jean-François Pigeon

C’est vrai que ça roule parfois très vite sur nos pistes cyclables. Et ce n’est pas seulement parce que les cyclistes sont en super forme !

Si la plupart des usagers des pistes avancent à la sueur de leur front, ils se font dépasser par toutes sortes de véhicules électriques : vélos, scooters, skates… Tous ces moyens de transport sont classés dans la catégorie micromobilité électrique.

Devrait-on faire le ménage dans cette catégorie ? Et faudrait-il mesurer la vitesse sur les voies cyclables comme le propose notre lecteur ?

Nous avons posé la question à Vélo Québec qui nous rappelle que le ministère des Transports est justement en réflexion sur la question de la définition de ce qu’est un vélo. Il existe en effet un flou réglementaire depuis que le gouvernement fédéral s’est retiré du dossier, en 2020. La balle est désormais dans le camp des provinces qui doivent proposer leur propre définition. Or Québec tarde à proposer la sienne. Résultat : chaque saison voit apparaître son véhicule à assistance électrique qui va rejoindre les rangs de tous les autres sur nos pistes cyclables.

D’ici à ce qu’on s’entende sur ce qu’est un vélo, l’organisme Vélo Québec propose des pistes de solution pour calmer la circulation sur les voies cyclables. À commencer par leur aménagement.

« Les pistes cyclables bidirectionnelles sont plus dangereuses, observe Magali Bebronne, directrice des programmes de Vélo Québec. Le design du REV est meilleur, plus sécuritaire. Non seulement il est unidirectionnel, mais il est protégé de la circulation automobile. » Autre avantage d’une piste unidirectionnelle plus large : elle permet des dépassements plus sécuritaires.

Cela dit, ça roule pas mal vite sur le REV, qui est au vélo ce que l’autoroute est à l’auto.

Pour cette raison, Vélo Québec réitère l’importance de multiplier les pistes dans les rues apaisées afin que les cyclistes plus vulnérables — les familles avec jeunes enfants, les personnes âgées ou tout simplement les cyclistes du dimanche — puissent rouler en toute sécurité.

En d’autres mots, il faut varier les réseaux et les expériences pour les cyclistes.

La présence des scooters et autres véhicules électriques soulève également la question de la sécurité. Notre lecteur a raison de s’inquiéter. Une collision avec un scooter électrique qui roule à 32 km/h est pas mal plus dangereuse qu’une collision entre deux vélos qui roulent à 15 km/h. L’impact d’une collision avec un véhicule plus lourd est beaucoup plus dommageable.

Vélo Québec plaide pour que la nouvelle définition d’un vélo à assistance électrique précise que l’assistance se fait au pédalage et non à la poignée, comme c’est le cas pour les scooters.

L’absence de définition claire pose un autre problème : impossible d’évaluer précisément la dangerosité des véhicules électriques qui circulent sur les voies cyclables.

« Le fait qu’on puisse seulement cocher la case vélo dans un constat d’accident vient fausser les données, souligne Magali Bebronne. Or on observe une détérioration du bilan routier depuis deux ans, une première depuis longtemps. Est-ce la faute des scooters électriques ? Impossible de l’affirmer sans données probantes. » On interpelle donc le ministère des Transports ! Vite, une définition claire.