La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

On commet très souvent une erreur lorsque l’on traduit le nom anglais « vault » par le mot voûte, qui s’emploie surtout en architecture. Voûte en plein cintre de l’art roman. On parlera aussi correctement de la voûte d’une caverne, de la voûte céleste, de la voûte crânienne et, par analogie, de la clé de voûte d’une argumentation.

La « pièce blindée, à l’épreuve du feu, conçue pour entreposer de manière sécuritaire de l’argent, des objets de valeur, des archives informatiques », etc., est une chambre forte. La chambre forte d’une banque, la salle des coffres. En informatique, on doit aussi éviter voûte pour désigner le centre de sauvegarde. Dans le domaine du nucléaire, « vault » se traduit par enceinte. Enceinte d’un réacteur. « Storage vault » se dira enceinte de stockage.

On emploie également à tort le nom voûte lorsque c’est dépôt ou réserve qui conviendraient. Lire au dépôt des manuscrits de la Bibliothèque nationale. Le nom réserve désigne également le « dépôt des œuvres d’art d’un musée qui ne sont pas exposées ». Sortir un tableau des réserves du Louvre. Il désigne encore le « lieu où est entreposé l’ensemble des livres précieux d’une bibliothèque publique, qu’on ne peut consulter qu’avec une autorisation spéciale ». La réserve de la Bibliothèque nationale.

Le mot voûte ne doit pas non plus traduire « wine vault ». Selon le contexte, on dira plutôt une cave à vin, un cellier ou un caveau de dégustation. Le chai est quant à lui le « lieu destiné à la vinification et à la conservation ou uniquement à la conservation des vins ».

On ne traduit pas « burial vault » ou « family vault » par voûte. Il s’agit d’un caveau funéraire. Être inhumé dans le caveau de famille.

« Fur vault » se dit garde-fourrure. Enfin, dans le domaine de la fabrication des produits pharmaceutiques, on traduit « vault » par le terme magasin à accès contrôlé pour désigner le « lieu où l’on garde sous clé certaines matières premières ».

Courrier

Chez ou à ?

Je me demande quelle préposition employer pour dire correctement « aller » : au/à Provigo, IGA… chez Rachelle-Béry ?

Réponse

On constate un certain flottement quant à l’usage des prépositions à et chez avec des noms de commerces, mais pour se simplifier la vie, on peut s’en tenir à la règle suivante, inspirée de TERMIUM Plus, la banque de données terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada, et de la Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française.

On emploiera donc généralement la préposition à avec un nom de commerce qui n’est pas un nom de personne. On peut alors dire aller au Provigo, au IGA, faire ses courses au Metro (le nom s’écrit sans accent aigu), au Maxi, comme on dirait aller à l’épicerie.

Et on emploiera la préposition chez devant le nom de famille (ou le prénom) d’une raison sociale. Se rendre chez Rachelle-Béry à pied.

Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique. Elle répondra à une question chaque dimanche.