La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

En français, c’est la préposition dans que l’on devrait employer (et non sur) avec le nom rue. Selon Le bon usage de Grevisse, l’emploi de sur – qu’on doit éviter à l’écrit – est calqué sur l’anglais (« on the street »). Dans la rue signifie à la fois « sur la voie publique, au niveau de la chaussée, entre les bâtiments ou les terrains qui bordent la voie ».

On évitera donc d’écrire Opération policière sur la rue Saint-Pierre. On peut omettre la préposition lorsque l’on précise le nom de la rue. Opération policière rue Saint-Pierre. Il a habité rue des Cerisiers toute sa vie. J’habite dans la même rue que lui. Les enfants jouent au hockey dans la rue. Sur la rue est parfois correct. Appartement qui donne sur la rue. Porte qui donne sur la rue.

On écrit cependant sur l’avenue ou dans l’avenue et sur le boulevard. L’usage est ainsi. On peut aussi omettre la préposition et l’article. Leurs bureaux sont situés sur (ou dans) l’avenue du Mont-Royal, avenue du Mont-Royal. Il habite boulevard Saint-Laurent.

La préposition sur devrait être évitée dans bien d’autres cas. On écrira par exemple faire partie d’un comité, et non « être sur un comité ». Siéger au conseil d’administration, être membre du conseil. Faire partie d’un jury. Interdiction de fumer dans l’avion ou à bord de l’avion (et non « sur l’avion »). Vivre dans une ferme ou à la ferme, dans une réserve. Les patients les plus malades sont aux étages. Ils habitent au même étage.

Être au chômage (et non sur le chômage), recevoir (de) l’aide sociale, vivre de l’aide sociale, toucher des prestations d’aide sociale (on n’est pas sur l’aide sociale ni sur le BS). Traverser la rue à un feu rouge, tourner à droite au feu rouge. Se fier à quelqu’un (et non pas « sur lui »).

Qu’en est-il de la formulation aller « sur » Paris ? Il est préférable de continuer à l’éviter à l’écrit. On se dirige vers une ville ou on se rend à Paris. On habite à Paris. Mais une armée marche bien sur une ville. Les troupes marchent sur la capitale.

Courrier

Du jamais-vu ?

Pourrais-je connaître votre opinion sur l’emploi de plus en plus fréquent de l’expression du jamais-vu ? Selon moi, jamais signifie… jamais !

Réponse

Dans le dictionnaire Larousse, le nom (masculin invariable) jamais-vu désigne une « situation, [une] pratique, [des] agissements tout à fait exceptionnels et qui font sensation ».

On doit comprendre que ce nom désigne ce qui ne s’est jamais produit (jusqu’à présent), ou ce qui n’était pas arrivé depuis très longtemps. On trouve aussi le nom jamais vu sans trait d’union. C’est du jamais-vu. Une histoire pareille, c’est du jamais-vu ! Du jamais-vu depuis 1985.

Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique. Elle répondra à une question chaque dimanche.