La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

Au Québec, on emploie beaucoup le verbe quitter sans complément, au sens de s’en aller, partir. Je quitte bientôt. Il a quitté. Cette construction est considérée comme familière, fautive ou vieillie par certains ouvrages. En français standard, à l’écrit, on peut préférer l’éviter.

Il est facile de le faire. D’abord, on peut simplement ajouter un complément à sa phrase et écrire Je quitte bientôt le bureau. Il a disparu après avoir quitté la fête. Il a quitté la compétition à son retour des Jeux olympiques. Elle a quitté son emploi pour créer sa propre entreprise.

Mais on peut également choisir d’autres verbes, pas seulement parce qu’on veut écrire de façon plus soignée, mais aussi pour varier son vocabulaire. On nous a répondu que le ministre était déjà parti. Il nous a dit qu’il s’en allait dans quelques minutes. Elle n’était pas au bureau. Elle est absente. Elle a dû s’absenter. Il était sorti une heure avant l’évènement.

On voit aussi le verbe quitter employé sans complément au sens de démissionner, ce qui est un calque de l’anglais to quit. Elle a donné sa démission. Le maire s’en va. Il quitte son poste avant la fin de son mandat. Il a décidé de céder son poste. Selon le contexte, on peut plutôt écrire que quelqu’un abandonne la partie, baisse les bras ou laisse tomber.

On peut également résigner ses fonctions. Cette formulation peut nous faire sursauter. On sera tenté d’y voir une faute, parce que l’anglais to resign signifie démissionner. C’est en fait un emploi littéraire, qu’on ne verra qu’occasionnellement dans un article de journal. « J’ai décidé de mettre fin à ma participation aux affaires publiques et de résigner ma fonction de premier ministre du Québec », a déclaré Lucien Bouchard le 11 janvier 2001. Résigner sa charge, son emploi. On dira aussi se démettre de ses fonctions.

L’emploi absolu du verbe quitter est correct, comme dans le titre, lorsqu’on s’adresse à quelqu’un au téléphone. Ne quittez pas, je vous mets en communication (et non « je vous transfère », qui est un anglicisme).

Courrier

Transfert ou transfèrement ?

Dit-on transfert ou transfèrement d’un malade ?

Réponse

On dit plutôt transfert. C’est que le nom transfèrement ne s’emploie plus que dans un cas particulier, soit l’action de transférer un prévenu ou un détenu. Loi sur le transfèrement international des délinquants. Des détenus québécois et canadiens emprisonnés aux États-Unis attendent plus de deux ans, parfois même près de trois ans, avant d’être rapatriés au pays pour purger leur peine ici. Pourtant, les transfèrements devraient être faits plus rapidement, dénonce un avocat spécialisé en droit carcéral.

Néanmoins, on peut aussi employer transfert dans ce cas-là, si on préfère. Transfert de prisonniers. Le transfert des cendres de Napoléon. Transfert de capitaux d’un pays à un autre. Transfert de fonds.

Comme le verbe transférer vu ci-dessus, le nom transfert est parfois un anglicisme, cette fois au sens de correspondance et au sens de mutation. Demander une correspondance (et non un « transfert ») au chauffeur lorsque l’on doit changer d’autobus. Accepter sa mutation (et non son « transfert ») dans une autre ville.

Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique. Elle répondra à une question chaque dimanche.