La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

Les noms amour, délice et orgue sont masculins au singulier, féminins au pluriel, nous rappelle-t-on quand nous publions un article dans lequel le mot amour, employé au pluriel au sens de « passion » ou de « sentiment amoureux », a été accordé au masculin. Mais était-ce vraiment une faute ? Non. Plutôt un choix.

On doit d’ailleurs le préciser : « Les mots amour, délice et orgue peuvent être masculins au singulier et féminins au pluriel. » Ce n’est même pas un changement si récent. Dans le Trésor de la langue française informatisé, on lit dans une remarque remontant à 1964 que le « genre masculin semble aujourd’hui se généraliser pour les deux nombres ».

Au pluriel, le mot sera masculin dans le registre courant, par exemple dans un article de journal. Les amours perdus et retrouvés de la pandémie.

On le verra au féminin dans le style soutenu, littéraire ou poétique. Les amours interdites, de Yukio Mishima. Si on est attaché à ce féminin pluriel, rien n’interdit de l’employer soi-même. Mais si notre phrase comporte la locution un de, le masculin s’impose : Un de ses plus grands amours est revenu dans sa vie.

Par ailleurs, le nom amour doit s’employer au masculin lorsqu’il désigne une représentation du dieu de l’amour : des amours délicatement sculptés.

Qu’en est-il des expressions « être en amour » ou « tomber en amour » ? Selon la source que l’on consulte, il s’agit soit d’une locution familière, soit d’un calque de l’anglais (« to be in love », « to fall in love »). Dans un texte, on préférera les formulations être amoureux, tomber amoureux. Tomber amoureux de sa voisine, de son voisin. Être amoureux du cinéma, de la nature.

On peut aussi formuler sa phrase autrement. Être un fou de jazz. Être passionné de photo. Avoir la passion du voyage. Être (un) mordu de littérature, de vélo. Un fervent lecteur. Un fanatique de musique.

Courrier

À jamais

Je me demande pourquoi les mots toujours et jamais sont parfois utilisés comme synonymes, comme dans la phrase : « Je t’aimerai à jamais, à toi pour toujours. »

Réponse

Les locutions adverbiales à jamais et pour toujours sont bien synonymes. Si on veut trouver une différence, on pourrait dire que la locution à jamais est plus soignée, correspond au registre soutenu, plutôt que courant.

À jamais signifie « dans tout le temps à venir sans qu’il y ait interruption ou fin ». Selon la phrase, ce peut être positif ou négatif. « Je t’aimerai à tout jamais » est bien sûr positif. « C’est fini à jamais » ne laisse pas beaucoup d’espoir. « Je ne t’aimerai jamais » non plus. Ici, jamais employé seul signifie « en aucun temps ».

Un autre synonyme de pour toujours et à jamais est l’adverbe éternellement. Je t’aimerai éternellement. Cette histoire ne durera pas éternellement.

Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique.