La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

Les cônes qui servent à signaler des travaux aux automobilistes sont aussi des balises pour les réviseurs. C’est qu’ils signalent souvent la présence d’une faute d’accord. On écrit bien des cônes orange, et non « oranges ». Orange est ici un nom employé comme adjectif de couleur et il reste donc invariable. On écrit de même des mers turquoise – c’est un autre classique des fautes d’accord.

En cas de doute – il est toujours prudent de douter –, on peut consulter un dictionnaire. La difficulté y sera généralement indiquée.

Les adjectifs de couleur composés (soit ceux qui sont suivis d’un nom ou d’un autre adjectif) restent eux aussi invariables et ne prennent pas de trait d’union. On se demande parfois si on doit écrire bleu marin ou bleu marine. C’est plutôt bleu marine, parce que le nom désigne un « bleu foncé semblable au bleu des uniformes de la marine ». Des chaussettes bleu marine ou des chaussettes marine. Porter du marine.

Si on associe deux noms de couleur simples, on les relie par un trait d’union (parce qu’il s’agit d’un mélange, qui constitue une nouvelle couleur), et le mot ainsi formé devient invariable. Des fleurs bleu-mauve. Des yeux bleu-vert.

Lorsqu’il a été question de la coiffure bicolore du personnage de Cruella interprété par Emma Stone dans le film du même nom, on a bien écrit que sa chevelure était noir et blanc, et non noire et blanche. L’invariabilité a été perçue comme une faute, mais ce n’en était pas une. On peut par exemple écrire des tissus bleu et noir ou des tissus bleus et noirs. L’accord se fait – ou non – selon le sens de la phrase. Des tissus bleu et noir contiennent à la fois du bleu et du noir. Si on a du mal à comprendre cette règle et à se la rappeler, on n’a qu’à penser à des photos. On dit naturellement des photos noir et blanc, pas « noires et blanches ». On peut aussi reformuler sa phrase. J’ai acheté du tissu bleu et du tissu noir.

Courrier

L’urgence ou les urgences ?

Pourquoi parlons-nous de plus en plus des urgences ? Au Québec, on s’est toujours rendu à l’urgence. Nous sommes-nous trompés toutes ces années ?

Réponse

Il est vrai qu’urgence au singulier s’emploie couramment au Québec. Mais certains y voient un anglicisme. C’est qu’en anglais, le nom emergency est au singulier dans emergency room, un terme que le Grand Robert & Collins traduit par service des urgences, tandis que emergency ward est traduit par salle des urgences.

À La Presse, on a choisi d’employer le pluriel, que l’on trouve dans des ouvrages de référence comme les dictionnaires Robert ou Larousse. Le service des urgences d’un hôpital. Attendre aux urgences.

Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique.