La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

Ce sont de petites fautes très répandues que l’on ne fait pas par ignorance, bien souvent, mais plutôt parce que l’on est fatigué ou pressé par le temps. Des pièges qui figurent dans tous les dictionnaires de difficultés et que les dictionnaires généraux signalent aussi.

Ce sont des homophones ; une lettre ou deux ou un accent suffisent pour changer le sens de ces mots. Ces fautes ont la faculté de rester invisibles à toutes les étapes de la production d’un journal pour réapparaître mystérieusement sous les yeux des lecteurs le lendemain : on lira alors « une calotte glacière » ou « une fosse sceptique », par exemple.

Parmi ces fautes, il y a la confusion – fréquente – entre rêne et renne. La rêne est une « lanière fixée aux harnais de tête d’une bête de selle pour la diriger ». On emploie le mot le plus souvent au pluriel. Tenir les rênes d’une entreprise, c’est la diriger. La graphie renne, elle, désigne un animal comme celui qu’on appelle couramment caribou ici. Un troupeau de rennes. Les rennes du père Noël.

On peut facilement se tromper aussi avec le mot qui se prononce [so]. Pratiquer le saut en hauteur. Dire quelque chose sous le sceau du secret. Renverser un seau d’eau. Il n’y a pas de sot métier.

On ne doit pas confondre non plus le nom chère, employé dans l’expression faire bonne chère, soit « faire un bon repas », et ses homonymes. La chair de la dinde ne doit pas être trop sèche. En chair et en os. Monter en chaire (la tribune d’une église ou d’un temple). Une chaire de médecine, de droit (à l’université). La nourriture coûte cher. Les aliments sont chers. La vie devient chère.

Un dernier exemple pour terminer. Le mot autel désigne la table où l’on célèbre la messe. L’autel d’une église. Conduire une personne à l’autel, c’est l’épouser. Dans ce contexte, on prendra soin de ne pas choisir la graphie hôtel. Prendre une chambre à l’hôtel.

Courrier

Hôtel-Dieu

On entend des gens dire l’hôpital Hôtel-Dieu au lieu de dire tout simplement Hôtel-Dieu. D’après moi, l’appellation Hôtel-Dieu désigne d’emblée un hôpital. Est-ce vraiment le cas ?

Réponse

Oui, c’est bien le cas. Le nom hôtel-Dieu, c’est-à-dire la maison de Dieu, a d’abord désigné un hôpital destiné à accueillir les malades pauvres. En ce sens, il ne prend pas de majuscule au mot hôtel. Au pluriel, on écrirait des hôtels-Dieu.

Ensuite, le nom en est venu à désigner l’hôpital principal de nombreuses villes. Écrit aujourd’hui avec deux majuscules, il s’emploie pour désigner « certains établissements hospitaliers de fondation ancienne », ce qui correspond bien à l’Hôtel-Dieu de Québec et à l’Hôtel-Dieu de Montréal, par exemple, tous deux fondés au XVIIsiècle.

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