La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

De façon schématique, on peut dire que le substantif problématique est la plupart du temps mal employé, là où c’est le nom problème qui conviendrait.

Un problème est une « difficulté qu’il faut résoudre pour obtenir un certain résultat » et une problématique est un « ensemble de problèmes dont les éléments sont liés ». La problématique du réchauffement climatique.

À propos du nom problématique, l’Académie française écrit : « Il paraît présomptueux de vouloir en faire usage à propos des difficultés et des tâches de notre vie courante, ou de tout ce qui nécessite un tant soit peu de réflexion et de concertation. On ne posera pas la problématique du logement ou du travail des femmes. On ne s’interrogera pas sur la problématique de la surpopulation carcérale ou de la gestion de l’eau potable. On fuira la problématique du surpoids, de la dépendance, des déchets, etc. »

On parlera donc plutôt de problèmes politiques, économiques, financiers, de société. La pauvreté est un problème criant. Le chômage est un problème qui préoccupe beaucoup de gens. Le gouvernement devra trouver rapidement une solution au problème du logement.

Par ailleurs, les termes affaire ou question pourront parfois être préférables au nom problème : C’est un spécialiste des questions économiques. Une spécialiste des affaires juridiques. C’est une affaire délicate, épineuse. Une question brûlante, insoluble. Une grave question. Le cœur, le nœud de la question. Aborder, approfondir, examiner, soulever, traiter une question. Les questions sociales, économiques. La question du logement.

Selon le contexte, les termes ennui, difficulté ou trouble peuvent également remplacer le substantif problème (en partie parce qu’en ce sens, le mot problème est souvent employé sous l’influence de l’anglais). Des ennuis d’argent, de santé, mécaniques. Difficultés matérielles, financières. Soulever des difficultés. Surmonter, vaincre les difficultés. Des troubles psychologiques. Troubles de la vue, du comportement, du sommeil.

Courrier

Le locataire de la Maison-Blanche

Question : Les journalistes désignent régulièrement le président des États-Unis comme le locataire de la Maison-Blanche. Que je sache, le président américain ne paie pas de loyer. Pourquoi ne pas généraliser l’usage des termes occupant ou résidant actuel au lieu de locataire, qui me paraît inapproprié ?

Réponse

Il s’agit d’un emploi figuré. On trouve le nom locataire en ce sens dans le Robert et dans le Trésor de la langue française informatisé. On s’amuse ainsi, par analogie, à varier son vocabulaire. On lira aussi « le locataire de l’Élysée », soit le président de la République française, « le locataire du 10 Downing Street », qui est, avec Larry le chat, le premier ministre du Royaume-Uni, ou encore « le locataire du Kremlin », soit le président de la Russie. On dit aussi – plus souvent – « le maître du Kremlin », en ce sens.

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