La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

En anglais, le terme fixer peut désigner une personne qui arrange les choses (to fix) pour un journaliste étranger, en l’accompagnant sur le terrain, dans une zone de conflit, et en lui servant notamment d’intermédiaire, d’interprète, de guide et de chauffeur.

Dans une fiche qui date déjà de 2005, l’Office québécois de la langue française (OQLF) déconseille l’emploi de la forme francisée fixeur, parce qu’elle « ne renvoie pas à un emploi du verbe fixer correspondant en français ». C’est vrai.

Mais le terme fixeur fait partie du lexique du journalisme. Les journalistes francophones sont nombreux à employer cette forme francisée lorsqu’ils rendent par exemple hommage, dans leurs textes, à leur précieux collaborateur, parfois lui-même journaliste, qui les accueille chez lui, leur ouvre son carnet d’adresses et leur sert aussi de garde du corps.

De plus, fixeur figure dans les ouvrages de référence Larousse et Robert. C’est la forme que nous privilégions à La Presse, plutôt que l’emploi du terme anglais « fixer » (même lorsque ce dernier est mis en italique).

L’OQLF propose des équivalents comme guide, guide-interprète ou guide-accompagnateur. Ces termes nous semblent réducteurs lorsqu’il s’agit de désigner ceux qui se dévouent, au péril de leur vie, pour aider les journalistes étrangers à faire leur travail.

Ces équivalents ont néanmoins leur utilité. Ils peuvent servir à varier le vocabulaire, à éviter les redites trop nombreuses. Si un journaliste le souhaite, il les emploiera lorsque le contexte est suffisamment clair, pour désigner autrement le fixeur dont il est question dans son article. Les fixeurs prennent beaucoup de risques pour aider les journalistes étrangers. Sans mon guide, je n’aurais pas pu faire mon reportage.

Courrier

Question

Pourquoi écrivez-vous évènement avec un accent grave plutôt qu’événement, comme il se doit ?

Réponse

Les deux graphies sont admises. Pour uniformiser les articles, nous avons choisi la graphie avec un accent grave, sur le modèle d’avènement, qui est de plus en plus courante, signalent les ouvrages de référence, notamment parce qu’elle respecte la prononciation.

À ce sujet, le Grand Robert écrit d’ailleurs que l’orthographe évènement « est devenue non seulement licite, mais souhaitable ».

Par ailleurs, la linguiste Henriette Walter a expliqué que c’était parce que l’imprimeur du dictionnaire de l’Académie française n’avait pas suffisamment de caractères de plomb du e accent grave que le mot s’est écrit événement, au XVIIIe siècle.

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