Bien peu de gens croyaient aux menaces de Vladimir Poutine il y a quelques jours encore. Et on ne faisait pas exception à La Presse.

On hésitait donc à renvoyer un journaliste et un photographe sur le terrain en Ukraine, après la couverture que nous avaient offerte Vincent Larouche et David Boily fin janvier.

Déjà qu’il n’est pas de tout repos de voyager dans un pays menacé par une puissance nucléaire militaire, c’est encore plus difficile en temps de pandémie! Notre photographe a d’ailleurs attrapé la COVID sur place, imaginez…

Donc on attendait de voir ce qui se passe là-bas… jusqu’à 21 h 40 le mercredi 23 février, moment où les missiles ont soudainement quitté leur base à Moscou.

La guerre était déclenchée.

Et il fallait alors déclencher notre plan de couverture spéciale.

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Bon. Quand je parle de « plan de couverture spéciale », j’exagère un peu. Il n’existe pas de plan comme tel puisque la réaction aux événements est notre métier.

Le déclenchement d’une guerre pour une salle de rédaction comme celle de La Presse équivaut plutôt à une gestion de crise. On se place en mode « couverture tous azimuts ».

Un bon nombre de journalistes et artisans sont embrigadés dans cette couverture spéciale, compte tenu de l’importance de l’événement. Ils cessent donc ce qu’ils font, mettent de côté leur spécialité temporairement (qu’ils soient aux Arts ou aux Affaires) et oublient ce qu’ils avaient prévu publier.

Et donc, quand on ouvre la machine, tout le monde a son rôle dans la couverture, du graphiste qui élabore des cartes du conflit, à la réviseure qui s’interroge sur l’emploi des noms (Kyïv ou Kiev), en passant par les pupitreurs qui doivent se familiariser avec la géopolitique locale et les journalistes qui doivent trouver des contacts sur place.

Résultat : une couverture à 360 degrés sur toutes nos plateformes et nos vitrines.

Pour vous donner une petite idée : dès le lendemain des premiers missiles, on a mis 15 journalistes sur le conflit, on a publié une cinquantaine de textes en un peu plus de 24 heures, on a consacré les deux tiers des écrans de la section Actualités de La Presse+ à l’Ukraine, on a reçu 800 questions de lecteurs.

Bref, on a déployé la machine.

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Seule chose, on aurait aimé avoir quelqu’un sur place au début de la guerre.

On avait une très bonne pigiste en Pologne, mais rien ne vaut le regard d’un journaliste de La Presse que vous connaissez pour nous faire sentir, voir, comprendre ce qui se passe sur le terrain.

Et donc, on s’est dépêché à envoyer une journaliste et une photographe, Mélanie Marquis et Sarah Mongeau-Birkett, qui sont arrivées à Cracovie en Pologne samedi soir, le 26 février, dans le but de se frayer un chemin jusqu’en Ukraine.

Pas toujours facile, avec les assureurs qui nous laissent tomber, les équipements de protection à acheter, le fixeur (aide journaliste sur place) à trouver, les tests COVID à faire, etc.

Mais elles y sont maintenant. Et elles vous feront voir et entendre ce qui se passe là-bas.