Tous les mois, Lisette Dufour verse un don à La Presse, qu’elle consulte surtout pour connaître les dernières actualités internationales. Notre média permet à la retraitée de la fonction publique fédérale de s'ouvrir sur le monde, de découvrir des enjeux étrangers... et de plonger dans de vieux souvenirs d’enfance. Depuis ses balbutiements, le parcours de cette première femme douanière de Montréal est lié à notre journal.

Lisette a vu le jour dans le Faubourg à la m’lasse au sein d’une famille modeste. Enfant, elle prend part à l’entreprise familiale, un dépanneur situé sur la rue Fullum, non loin de la rue Ontario, que ses parents démarrent pour être à même d’offrir des études supérieures à son frère.

« C’était normal, à l’époque, de prioriser les études avancées des garçons quand on avait peu de moyens », rappelle celle qui aura tout de même la chance de s'asseoir sur les bancs d’école d’un « business college » privé pour apprendre l’anglais, la dactylographie, la sténographie. Des aptitudes qui lui permettront de joindre le service des douanes canadiennes en 1960, à 23 ans, et d'acquérir le titre de première femme douanière. Jusqu’alors, seuls des hommes âgés de plus de 21 ans pouvaient pratiquer le métier.

Âgée de 8 ans, avec sa jumelle Lise et sa sœur cadette Claudette, elle livre chaque jour aux clients du commerce familial des viandes, du lait, du pain et autres denrées en tous genres. Le trio doit monter la côte Sherbrooke à pied, parce que la bicyclette, en ces temps, c’était trop dangereux pour des petites filles. « Quand on partait avec des cartons de Coke... c’était lourd! », se souvient la septuagénaire dans un éclat de rire. Son pèlerinage de résidence en résidence dans le quartier Ville-Marie embrasse un second objectif : la distribution du journal La Presse.

« Certains abonnés nous attendaient avec des tartines de beurre d’arachides, d’autres nous tricotaient des foulards et des mitaines. Les gens nous adoptaient », raconte-t-elle au bout du fil, un brin de nostalgie dans la voix. « C’était une autre époque. Une dame nous invitait même à prendre une pause chez elle pour écouter les Plouffe à la télé. »

Bien des années plus tard, La Presse, qu’elle consulte tous les jours sur le web et sur sa tablette, occupe une place importante dans son cœur. « Je donne à La Presse parce que produire de l’information, ce n'est pas gratuit », soutient Lisette. « Il faut payer les employés, les technologies et tout le reste. Et moi, je profite de La Presse. Elle me rend service en m’informant de ce qui se passe dans le monde. Pour moi, c’est très important. »

Merci, Lisette!