Eric Trottier, vice-président de l’information et éditeur adjoint de La Presse, exprime sa vision d’une couverture journalistique responsable en temps de crise.

La Presse : En temps de crise, on accuse souvent les médias d’amplifier l’effet de crise. Êtes-vous d’accord?

Éric Trottier : Non, j’ai au contraire la certitude que nous avons trouvé, à La Presse, le ton juste. La COVID-19 a la particularité de se répandre très rapidement; ses effets sont en soi spectaculaires et sensationnels. Quand on regarde la progression fulgurante du virus dans certains pays, comme l'Italie, il y a de quoi avoir peur. D'où les interventions répétées de nos gouvernants, qui vont dans ce sens. Mon sentiment, c'est que les médias n'ont pas besoin d'en rajouter : notre travail ne consiste qu'à rapporter les paroles de nos gouvernements et des spécialistes de la maladie, sans plus.

LP : Quelles démarches entreprenez-vous pour assurer une couverture responsable d’une crise?

ET: Dès le début, nous avons tenu à accorder une attention particulière aux solutions nécessaires pour passer à travers la crise. Comment on fait si on est pris à l'extérieur du Canada et qu'on ne peut trouver un avion pour nous ramener au pays? Comment on doit se comporter durant cette période d'isolement? On se dit que la vie doit malgré tout reprendre son cours et qu'on doit accompagner nos lecteurs dans leur vie bouleversée. Nous devons plus que jamais être un média de service, présent pour nos lecteurs.

LP : Avez-vous un exemple de choses à ne pas faire?

ET: Il faut surtout éviter de faire peur aux gens, avec de gros titres criards ou exagérés. Ce n’est pas nécessaire en ce moment. À La Presse, nous accordons une attention particulière au choix des titres, et nous assurons de bien doser.