Depuis plusieurs mois, le réalisateur Sylvain Archambault se promène entre le Québec, le Brésil et la France pour le tournage de Rouge Brésil, long métrage basé sur le roman de Jean-Christophe Ruffin. Cette coproduction mettra en vedette Stellan Skarsgard et Joaquim de Almeida. Hier, La Presse a échangé avec M. Archambault, joint près de Rio de Janeiro.

Le printemps arrive tranquillement sur la côte brésilienne où les températures oscillent entre 20 et 35ºC. Les conditions de tournage ne sont pas faciles. À deux pas de la mer, la jungle recèle son lot de moustiques, d'araignées et de serpents.

N'empêche que le réalisateur québécois Sylvain Archambault est heureux comme pas un sur le plateau de tournage de Rouge Brésil, une coproduction France-Brésil-Canada-Portugal. Ce qui sera à la fois une mini-série et un film est basé sur le roman de Jean-Christophe Ruffin qui lui avait valu le prix Goncourt en 2001.

«Ce sont les conditions les plus difficiles dans lesquelles j'ai eu à travailler. On se bat constamment contre les éléments. Mais je dirige des acteurs très professionnels», raconte Sylvain Archambault.

Le réalisateur (Piché, entre ciel et terre, French Kiss), la voix fatiguée mais heureuse, au bout du fil.

Le tournage a commencé il y a une semaine. Relatant l'histoire de la tentative de colonisation du Brésil par la France au 16e siècle, ce récit d'époque mettra en vedette l'acteur suédois Stellan Skarsgard et le Portugais Joaquim de Almeida.

«Ce sont des acteurs extraordinaires, dit Sylvain Archambault. Stellan Skarsgard a joué avec les plus grands réalisateurs dont David Fincher (la version américaine de Millenium attendue à la fin de l'année), Lars Von Trier (Melancholia), Bergman (au théâtre de Stockholm). Il est très gentil. C'est un grand plaisir de travailler avec lui.»

Skarsgard a aussi joué dans les films Mamma Mia! , Pirates des Caraïbes, Dogville, Amistad, Good Will Hunting, etc. Joaquim de Almeida n'est pas non plus tombé de la dernière pluie, avec des rôles dans Fast&Furious 5 ainsi que dans la troisième saison de la série 24.

Les comédiens canadiens Vlasta Vrana (Le jour d'après) et Lianne Balaban (Le Trotsky, La dernière chance d'Harvey) et français Bruno Wolkowitch (Soigne ta droite, Jeanne La Pucelle) et Didier Flamand sont aussi de la distribution.

Des acteurs locaux, dont des indigènes, participent aux scènes. «À la pause du lunch, il est drôle de voir ces gens, presque nus, avec leurs Ray Ban sur le nez et leurs iPhone», s'étonne le réalisateur, amusé.

Singes moqueurs

La tentative de colonisation française remonte à 1555. À ce moment-là, la France tente de s'établir sur la côte brésilienne, attirée par la qualité de son bois. On nomme le pays «France antarctique». À la tête des colonisateurs, on retrouve Nicolas Durand de Villegagnon (Skarsgard). Ce dernier fait face à un adversaire portugais coriace incarné par de Almeira.

«Il est fascinant de travailler à une telle reconstitution, poursuit Sylvain Archambault. Il y a de tout dans le film: batailles, amour, action. C'est une histoire d'amour sur fond de batailles et de conquêtes. Je touche à tout!»

Fidèle à la reconstitution historique, le tournage a lieu dans la baie de Guanabara, près de la ville de Paraty, entre Rio et Sao Paulo. «Nous sommes très près de la côte, dit M. Archambault. Presque toutes les scènes sont tournées à l'extérieur, parfois sur la mer, parfois dans la jungle. Lorsque la mer est forte, la marée démolit nos décors. Il faut recommencer.»

Dans la jungle, comédiens et techniciens sont la tête de turc d'un groupe de singes. «Ils nous pissent dessus. Et ils trouvent ça drôle, lance le réalisateur québécois. Nous sommes vraiment sur leur territoire.»

Sur place, ce dernier a l'appui d'un autre réalisateur québécois, Christian Duguay, associé au projet. Plusieurs Québécois font partie de l'équipe technique. Et le montage sera fait au Québec.

«Le plus difficile, ce sont les différentes philosophies de travail sur le plateau et aussi le fait que lorsque je demande quelque chose, ça doit être traduit en trois langues, dont le tapi, une langue indienne. Mais tout se fait mieux que je ne le pensais», dit le réalisateur.

Le tournage doit durer 44 jours. Après les derniers tours de manivelles au Brésil, M. Archambault reviendra au Québec pour quelques jours, début novembre. «Ensuite, je pars deux semaines en France pour le tournage d'autres scènes dans un château médiéval en banlieue de Paris. Je reviendrai à Montréal fin novembre pour le montage.»

Doté d'un budget de quelques huit millions d'euros, le projet sortira sous forme d'une mini série de deux épisodes de 90 à 100 minutes en France et d'un long métrage de deux heures, en 2012. Reste à voir qui distribuera l'oeuvre au Canada et au Québec.