Le producteur et scénariste de Bon Cop, Bad Cop, Kevin Tierney, passe derrière la caméra pour la première fois avec French Immersion. Une comédie linguistique dont l’idée a germé il y a une vingtaine d’années, après l’ère de Pierre Elliott Trudeau, et qui devait être réalisée par le cinéaste Francis Mankiewicz, emporté par le cancer avant de pouvoir collaborer au projet.

«C’est une longue histoire. Je travaillais avec Rock Demers aux Productions La Fête et j’ai eu un appel de Jefferson Lewis. Il m’a demandé de luncher avec le cinéaste Francis Mankiewicz et lui pour parler d’un projet de long métrage sur les expériences de sa belle-sœur en immersion à Jonquière. C’était un film typique de l’époque Trudeau. Nous ne nous sommes jamais rencontrés et la maladie a emporté Francis, ce qui a fait en sorte que cette bonne idée n’a pas vu le jour», explique Kevin Tierney.

«Entre-temps, j’étais devenu ami avec Francis et sa conjointe Monique. Deux ans après la sortie de Bon Cop, Bad Cop, j’étais à Toronto pour présenter son film Les bons débarras à une soirée spéciale, poursuit-il. On m’a dit que les enfants et l’ex-femme de Francis allaient y être présents. Je ne voulais pas raconter des souvenirs tristes, mais célébrer la vie. J’ai donc commencé mon discours en disant que, si j’étais là, c’était grâce au succès de Bon Cop, Bad Cop, mais que ce n’était pas la première fois qu’on avait pensé à faire un film bilingue. «J’ai donc raconté l’histoire de French Immersion et l’engagement de Francis.
«Le lendemain matin, je me suis dit que, même si c’était un film pensé à l’époque de Trudeau, c’était encore plus drôle aujourd’hui. J’ai donc appelé Jefferson Lewis et on a commencé presque tout de suite à travailler.»

Dans French Immersion (C’est la faute à Trudeau), le petit village fictif de Saint-Isidore-du-Cœur-de-Jésus accueille pour deux semaines quatre Canadiens anglophones et un New-Yorkais qui désirent apprendre le français. En immersion totale, les étudiants en herbe vont vivre au rythme de ses habitants, des Québécois pure laine, unilingues français et fervents nationalistes qui, à l’exception d’une seule personne, portent tous le nom de Tremblay.

Pour son premier film en tant que réalisateur, Kevin Tierney a fait appel à une distribution composée de 
24 comédiens de haut calibre, dont Karine Vanasse, Pascale Bussières, Jacob Tierney, Yves Jacques, Laurence Leboeuf, Colm Feore, Sylvain Marcel et Robert Charlebois.

«C’est vraiment My Big Fat French Lesson. C’est de l’humour premier degré pour célébrer le Québec. J’ai un cynisme complet vis-à-vis des politiciens. Le personnage de Michael Pontifkator, joué par Colm Feore, m’a été inspiré par un politicien bilingue comme Michael Ignatieff. Robert Charlebois joue, quant à lui, le sénateur Tremblay, une combinaison de Jacques Parizeau et de Réal Caouette, un gars qui était capable d’être extrêmement nationaliste et extrêmement canadien à la fois. Un des moments forts du film est quand il dit: "I love Canada but I hate English people"», dit le réalisateur.

Kevin Tierney se définit avant tout comme un Montréalais. Aussi bilingue que son film, il dit ne pas avoir voulu transmettre de message politique, mais souligner tout ce qui rapproche les anglophones des francophones.

«C’est ma vie que je raconte. Quand on est anglophone au Québec, on a une certaine perspective de l’extérieur. Le film est beaucoup plus bon enfant que je le suis. Ce que je trouve absurde, c’est qu’au Québec, on a la chance d’être bilingue. Au lieu de prendre ça comme un atout, on a décidé que ça allait être la croix qu’on porterait», conclut-il.

> French Immersion prend l’affiche le 7 octobre.