Retarder l'irréparable outrage du temps à coups de bistouri ou se retrouver à court de rôles? La controverse autour de la nouvelle apparence de l'actrice Renée Zellweger met en lumière la difficulté de vieillir à Hollywood.

L'actrice oscarisée en 2004 pour Cold Mountain a fait polémique en apparaissant, méconnaissable, lundi lors d'une soirée organisée par le magazine Elle.

Disparues la moue boudeuse et les rondeurs de ses joues, prêtées à l'adorable Bridget Jones ou à la sulfureuse Roxie Hart dans Chicago, deux de ses films les plus acclamés.

Les commentaires sont allés bon train sur les réseaux sociaux et dans la presse anglo-saxonne, certains évoquant des opérations esthétiques trop poussées, d'autres s'inquiétant sur la santé de l'actrice, certains enfin, fustigeant la pression qu'Hollywood inflige à ses actrices pour les faire adhérer à des canons de beauté.

«À Hollywood c'est plutôt étrange de ne pas (avoir recours aux traitements esthétiques) si vous êtes une femme. Vous ne pouvez pas travailler», a commenté auprès de l'AFP Sasha Stone, fondatrice du site www.awardsdaily.com.

Pour elle, Renée Zellweger est victime d'un «phénomène américain, où les femmes ne peuvent pas vieillir» contrairement au «Royaume-Uni ou à la France».

Jeunesse éternelle

La liste des actrices ayant eu recours à la magie de la chirurgie esthétique pour garder une apparence jeune est longue: Demi Moore, Nicole Kidman, Meg Ryan, Jane Fonda ou Melanie Griffith pour n'en citer que quelques-unes.

Certaines sont allées un peu trop loin dans ce pacte avec le diable, se retrouvant avec un visage figé aux pommettes trop rebondies et aux lèvres trop pulpeuses devenu monnaie courante à Hollywood.

«En se faisant opérer, elles espèrent garder les rôles principaux et ne pas se retrouver cantonnées dans ceux de la grand-mère», insiste Sasha Stone.

L'une des actrices qui incarne actuellement le mieux l'esthétique hollywoodienne est la jeune Jennifer Lawrence, blonde mince et pulpeuse de 1,75 mètre devenue l'un des «sex-symboles» planétaires grâce à ses rôles dans des blocksbusters comme Hunger Games ou Silver Linings Playbook, et qui a été récompensée d'un Oscar à l'âge tendre de 22 ans l'an dernier.

L'obsession de la jeunesse est moins forte sur les hommes qui décrochent souvent leurs meilleurs rôles à l'âge de la maturité.

Les retouches physiques poussées d'acteurs comme Mickey Rourke ou John Travolta sont plus des exceptions que la norme.

En 2013, 7 millions d'opérations et actes esthétiques ont été réalisés aux États-Unis sur des femmes de 40 à 54 ans, soit 49% du total. Les injections de botox et reconstructions des paupières ont été les plus prisées.

Le chirurgien plastique Ashkan Ghavami, dont le cabinet à Beverly Hills est fréquenté par certaines célébrités, juge que les films aujourd'hui de «haute définition, qui montrent les détails du maquillage et des rides, ajoutent à la pression».

Il estime que les opérations de Renée Zellweger ont été ratées car «les paupières ont été trop étirées et qu'il y a eu trop de botox».

La comédienne de 45 ans a déclaré au magazine People que la polémique autour de son apparence était «idiote». «Il semble qu'il y ait des gens qui aillent chercher une vérité peu glorieuse qui n'existe pas».

«Je vis une vie différente, heureuse, je me sens plus accomplie et je suis ravie que peut-être cela se voie», a-t-elle ajouté.

Tom Nunan, producteur et enseignant à UCLA School of Theatre, Film and Television, juge «triste» qu'une star de la renommée de Renée Zellweger ne puisse assumer ses «choix personnels» publiquement.

«Tout le monde comprend un peu de botox ici et là, une retouche des paupières» mais pas ceux qui «transforment radicalement» leur visage, souligne-t-il.

Il souligne que si les films des grands studios sont dominés par des acteurs de 20 ans, «de très nombreuses séries télé mettent en scène des femmes de plus de 40 ans dans de très beaux rôles».

«Hollywood veut que les stars soient belles et en forme, pas forcément qu'elles aient l'air jeune», conclut-il.