Glenn Close admet qu’elle aussi a contribué à perpétuer les stéréotypes liés à la maladie mentale. L’actrice, âgée de 65 ans, était de passage à Ottawa lundi pour participer à une importante conférence sur la stigmatisation de la maladie mentale, tirant profit de son expérience avec certains membres de sa famille pour expliquer pourquoi les personnes atteintes doivent demander de l’aide.

Dans un discours inspiré et parfois poignant, Mme Close a raconté aux centaines de délégués que lorsqu’elle avait amorcé sa carrière à New York, dans les années 1970, elle croisait toujours les trois mêmes itinérants. L’un l’interpellait les passants, l’autre tapait sur le trottoir avec des baguettes de batteur, et l’autre chantait à tue-tête.

«Pour moi, ils étaient les visages de la maladie mentale», a expliqué l’actrice, qui a récemment été finaliste aux Oscar pour son rôle dans Albert Nobbs. «Ils étaient différents et ils faisaient peur.»

En interprétant le personnage d’Alex dans le thriller Liaison fatale (Fatal Attraction) en 1987, Glenn Close s’est retrouvée au coeur d’un film populaire qui, affirme-t-elle, a propagé le préjugé voulant que les personnes atteintes de maladie mentale soient violentes et terrifiantes.

Mais l’actrice n’est pas entièrement responsable de cette situation. En tentant de comprendre Alex - une éditrice new-yorkaise qui se met à harceler un homme avec qui elle a eu une liaison -, Mme Close a réalisé que le personnage avait un problème de santé mentale qui nécessitait médicaments et compréhension.

Ce n’était toutefois pas l’avis des spectateurs au visionnement de la première version du film, qui se terminait avec le suicide d’Alex. Le public n’était pas satisfait de cette finale, exigeant un châtiment plus sévère pour la jeune femme troublée. En dépit des protestations de l’interprète, les producteurs ont décidé d’accéder à cette demande et de faire mourir Alex d’un coup de revolver tiré par la femme de son ex-amant.

Mais pour Glenn Close, la maladie mentale est cependant loin de se limiter à la fiction. La comédienne a décrit comment plusieurs de ses proches avaient été ostracisés sans que personne ne reconnaisse qu’ils étaient malades. Sa propre soeur, Jessie, lui a demandé de l’aider à combattre ses idées suicidaires. Le fils de cette dernière, Calen Pick, a été hospitalisé pendant cinq ans à cause d’un problème de santé mentale.

«À cause d’elle et de Calen, à cause du formidable oncle Jean et du pauvre oncle Harry, j’ai décidé d’utiliser mon nom et mon image pour éradiquer la stigmatisation, les préjugés et la discrimination qui, j’ai fini par le réaliser, étaient un fardeau pour des membres de ma famille», a-t-elle expliqué lundi.

«Et c’est là que mon éducation a commencé. J’ai découvert qu’il s’agissait du dernier obstacle - et peut-être du plus difficile à surmonter - dans la lutte pour les droits de l’homme et les libertés civiles à notre époque.»

Également présente à la conférence lundi: la ministre fédérale du Travail, Lise Raitt, qui a elle aussi pris la parole afin de parler de son combat contre la dépression post-partum, et d’exhorter les employeurs à reconnaître les avantages à s’intéresser à la maladie mentale en milieu de travail.