Les images du déraillement de Lac-Mégantic seront finalement effacées du film Bird Box.

«Netflix et les cinéastes de Bird Box ont décidé de remplacer la séquence», a déclaré un porte-parole du géant de la diffusion web dans un bref courriel envoyé à La Presse canadienne.

«Nous sommes désolés de la peine causée à la communauté de Lac-Mégantic», a-t-il ajouté.

Le recours aux images de la tragédie ferroviaire qui a fauché 47 vies la nuit du 6 juillet 2013 en avait choqué plusieurs.

Des politiciens étaient montés au créneau pour dire toute leur indignation et réclamer le retrait de cette séquence du populaire long métrage mettant en vedette Sandra Bullock.

La ministre de la Culture du Québec, Nathalie Roy, avait écrit à l'entreprise en janvier dernier pour demander de les effacer de la production.

La société américaine n'avait cependant pas accédé à cette demande, se contentant de présenter des excuses et de promettre de faire mieux à l'avenir.

Finalement, quelque trois mois plus tard, la voici qui se ravise.

«Nous reconnaissons que nous aurions dû agir plus rapidement», a laissé tomber une source au sein de l'entreprise qui a requis l'anonymat afin de pouvoir discuter plus librement de l'affaire.

«Pour nous, c'est une leçon importante. C'est une leçon d'humilité», a ajouté cette même source.

Ce dénouement satisfait la mairesse de Lac-Mégantic, Julie Morin.

«Bien sûr qu'il y a eu un délai, mais je pense qu'au final, le plus important pour moi, c'est qu'on a un résultat à cette situation-là qu'il nous semblait assez importante à régler», a-t-elle exprimé.

Elle se réjouit que l'entreprise se soit questionnée sur l'utilisation d'images de drames réels à des fins de divertissement, pour des productions de fiction.

«Je pense que c'est important qu'il y ait une réflexion de l'industrie là-dessus. Il semble qu'elle ait été faite dans ce cas-ci», a-t-elle argué en entrevue téléphonique.

Au gouvernement du Québec, on «prend acte de la décision de Netflix et de ses partenaires de retirer les images de la tragédie de Lac-Mégantic», a commenté la ministre Nathalie Roy.

«Ce geste était attendu depuis longtemps par la population québécoise [...]», a-t-elle soutenu dans une déclaration écrite transmise par son bureau.

Elle a soutenu avoir une pensée » pour les Méganticois qui «ont été durement éprouvés par toute cette affaire».

Il n'y a pas que du côté de l'Assemblée nationale que l'on avait critiqué l'entreprise.

Une motion avait été adoptée en Chambre à Ottawa pour enjoindre Netflix à retirer les images et à verser un dédommagement à la communauté.

Le texte avait été déposé par le député néo-démocrate Pierre Nantel, avec la complicité du conservateur Luc Berthold.

«Aujourd'hui, Netflix parle d'une "leçon d'humilité". Il est question ici, pour les plateformes américaines comme Netflix, de respecter nos institutions démocratiques», a réagi M. Nantel.

Cette affaire a démontré, selon lui, qu'il était «plus que jamais d'actualité que nous imposions nos lois et la juridiction du CRTC à ces diffuseurs».

Le ministre du Patrimoine, Pablo Rodriguez, s'est réjoui du changement de cap de la société qui s'était montrée rétive a priori.

«L'entreprise a pris la bonne décision en reculant et en retirant ces images de son film», a-t-il commenté dans un courriel transmis par son bureau, jeudi matin.

La version de Bird Box expurgée de ces images devrait être diffusée d'ici une à deux semaines, selon les informations obtenues par La Presse canadienne.

Des séquences de la tragédie avaient aussi été mises à profit dans la série Les voyageurs du temps, qui fait aussi partie du catalogue des productions Netflix.

La boîte torontoise derrière la série, Peacock Alley Entertainment, s'était vite excusée de les avoir utilisées. Les images ont depuis été remplacées.