Les cinéphiles québécois qui aimeraient voir The House that Jack Built sur grand écran devront le faire aujourd'hui ou demain sans faute. Le nouveau film de Lars von Trier fera en effet l'objet de quatre séances seulement sur grand écran: deux représentations ont lieu ce soir et deux autres demain en soirée au Cinéma du Parc de Montréal, ainsi qu'au Cinéma Le Clap à Québec.

Dans son nouveau brûlot, qui n'a évidemment pas manqué de diviser les spectateurs lorsqu'il a été présenté hors compétition au Festival de Cannes, le réalisateur de Dogville s'immisce dans la tête d'un tueur en série qui considère chaque meurtre comme une oeuvre d'art en soi. Autrement dit, le trublion danois fait ce qu'il sait faire de mieux: provoquer.

Il appert pourtant que The House that Jack Built choque davantage par ce qu'il suggère que par ce qu'il montre, même si, évidemment, son auteur se plaît à jouer avec les nerfs du spectateur sur ce plan. 

Lars von Trier propose un film peu aimable, on s'entend, mais néanmoins brillant. Et surtout pas vain.

Divisé en cinq «incidents» et un épilogue, le récit est construit autour d'une interview qu'accorde Jack (Matt Dillon, troublant à souhait) à un dénommé Verger (Bruno Ganz), un «inconnu» qu'on ne verra que dans le dernier acte, mais dont on entend la voix pendant toute la durée du film. Jack décide en effet de lui raconter cinq de ses «exploits», en décrivant avec force détails cinq meurtres en particulier, parmi la soixantaine à son actif. Et l'assassin de raconter froidement ses crimes, de façon parfaitement détachée, comme s'il voyait en ces actes une façon de créer des oeuvres d'art.

Von Trier montre d'ailleurs de nombreuses oeuvres picturales, et il insère aussi parfois dans son récit des extraits montrant Glenn Gould au piano. La pièce Fame, de David Bowie, revient aussi comme un leitmotiv.

Le personnage est ignoble, n'a aucune morale et est animé d'une haine intérieure pour tout ce qui touche le genre humain. D'aucuns feront l'amalgame entre le personnage et son créateur, mais il est évident que von Trier, pour tout provocateur qu'il soit, ne laisse aucune ambiguïté sur l'aspect répugnant d'un personnage dont on sait d'avance qu'il ne pourra échapper à son sort.

Ce film sera offert en vidéo sur demande (sur iTunes notamment) à compter du 14 décembre.

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The House that Jack Built est présenté en version originale avec sous-titres français ce soir et demain au Cinéma du Parc à Montréal et au Cinéma Le Clap à Québec.

Photo fournie par Métropole Films