Philippe-Audrey Larrue St-Jacques et Katherine Levac partagent une passion inégalée pour le film Titanic. Les deux jeunes humoristes ont réalisé un de leurs plus grands rêves en se transformant en Jack et Rose pour recréer une des scènes mythiques de la superproduction de James Cameron. La Presse a discuté avec eux de ce qu'ils considèrent comme l'événement cinématographique le plus marquant des années 90.

Vous rappelez-vous la première fois que vous avez vu Titanic?

Katherine Levac: J'avais 9 ans et je suis allée le voir avec ma mère. Il y avait de la nudité, alors mes frères ne sont pas venus. Ça rendait déjà ça spécial que moi, j'aie le droit d'être là.

Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques: Je venais d'avoir 10 ans. C'était la crise du verglas, et le cinéma était une des rares places où il y avait l'électricité (Jack meurt dans la glace, nous on était dans le verglas, il y avait un écho quand même). L'histoire du Titanic me fascinait déjà avant que le film soit fait. J'ai dû voir Titanic au cinéma 17 fois (sans exagérer) lors de sa sortie. Et je peux chiffrer en centaines le nombre de fois que je l'ai regardé. Je suis de loin le plus grand expert de Titanic que je connaisse!

Qu'est-ce que ce film représente pour vous?

KL: Pour moi, Titanic, c'est vraiment l'éveil d'une sexualité. Jack et Rose ont eu plus d'impact sur ma vie sexuelle que la première fois que j'ai fait l'amour! Titanic, c'est juste des sentiments que tu n'as jamais ressentis, c'est dans le corps. Je sais que toute ma vie, j'ai un faible pour les garçons blonds à cause de Jack. C'est un problème! J'ai déjà choisi un gars quand j'étais capitaine d'impro parce qu'il avait l'énergie de Jack. Eilleee!

PL: C'était la première fois que je voulais vivre un film pour vrai. Je m'identifiais beaucoup aux gens raffinés de première classe, à ce code de conduite très gentleman de se lever quand les filles sortent de table et d'être toujours très bien habillé. À l'École de l'humour, j'avais déjà un suit, une cravate, un style un peu vieillot et j'avais expliqué à Katherine que c'était à cause de Titanic.

Qu'est-ce qui rend Titanic si particulier, d'après vous?

PL: Titanic était un phénomène mondial et, pour la première fois, je n'étais pas le seul à triper sur quelque chose. Il avait tout pour être un grand succès, car il y en a pour tous les goûts. D'abord cette idée d'inégalité des classes qui me fascinait. Il y a aussi ce petit côté Roméo et Juliette qui fait rêver tout le monde. Tu rencontres une super belle fille d'une autre classe sociale, inaccessible, qui va flancher pour ta personnalité. Et ce film est quasiment un miracle, car Kate Winslet a failli ne pas avoir le rôle. Elle a envoyé une rose à James Cameron en lui disant: «A rose from your Rose.»

KL: Tu viens de le dire, et j'ai eu un frisson!

Avez-vous déjà vu Titanic ensemble?

PL: On était à l'école et c'est rapidement devenu un sujet de conversation. En 2012, quand je l'ai regardé avec Kat, on l'avait loué en DVD, car il n'y avait pas encore Netflix. Je n'ai jamais acheté la VHS, car je voulais que ce soit toujours un événement, que ça reste spécial.

KL: À un moment dans le film, Jack demande à Rose, ben relax, si elle aime son fiancé, et elle fait tout pour ne pas lui répondre. Dans la vie, quand quelqu'un tourne autour du pot quand je lui pose une question, je me dis: «Il est en train de me faire un Rose.» Je pense à ce genre de scène du film dans la vie! Je me souviens d'avoir dit à Philippe: «Regarde, cette madame-là toute seule, c'est madame Bijoux!» On partage vraiment cette passion.

PL: Et on a rapidement compris que notre scène favorite était la même: le party des pauvres.

Avez-vous été autant marqué par un autre film par la suite?

PL: Il n'y a pas eu d'équivalent à Titanic. Les films qui m'ont marqué viennent pas mal tous des années 90. Des films de répertoire, mais aussi The Mask, Ace Ventura, Mighty Ducks ou Maman j'ai raté l'avion.

KL: Les années 90, pour moi, c'était surtout Le club des Baby-Sitters, La petite princesse ou Le jardin secret. On a fait un show Harry Potter à Zoofest, mais on aurait pu le faire avec Titanic. J'en parle et j'ai le goût de tout lâcher pour le faire!

Qu'est-ce que vous ramèneriez des années 90?

KL: J'ai une image des préados des années 90 en running, pas en train de faire du contouring. Je ramènerais cette vibe de «petite fille».

PL: La notion d'événement. Il y avait des moments marquants qu'on attendait: un film qui sort, une soirée. Il y avait tout le temps quelque chose de compliqué. Tout le monde écoutait la même chose, comme Télé-Pirate, et on était tous au diapason dans la cour d'école.

KL: Mettons que tu louais un film, que tu ne l'aimais pas. Eh bien tu le finissais! Avec des films comme It ou la série Stranger Things, j'ai l'impression que les enfants rois qui comprennent mieux que leurs parents sont de retour. C'est très Jumanji-esque, pour moi, les années 90.

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Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques est en spectacle en France ce mois-ci, puis du 16 au 19 mai en spectacle au Conservatoire d'art dramatique.

Katherine Levac est en tournée au Québec avec son spectacle Velours.