Au-delà de leur musique, le véritable pouvoir des Beatles ne résidait pas dans leur nombre imposant d'admirateurs ou leur populaire coupe de cheveux, mais bien dans leur influence sur le plan politique.

Le fait que le groupe ait refusé de jouer dans des salles américaines où les spectateurs blancs et noirs étaient séparés en 1964 est l'un des exemples de cette influence, évoqué dans un nouveau documentaire portant sur les quatre années que la formation musicale a passées sur la route avant que la «beatlemania» ne l'oblige à renoncer à se produire sur scène.

Ron Howard, le réalisateur du film The Beatles: Eight Days A Week - The Touring Years, a puisé dans les archives pour exhumer des images illustrant le choc ressenti par les Beatles lorsqu'on leur a demandé de chanter devant une foule où les Blancs et les Noirs ne se mêlaient pas.

En entrevue, Paul McCartney a affirmé que ses trois compagnons et lui-même étaient des gars plutôt intelligents qui étaient au courant de l'actualité politique et qui, étant originaires de Liverpool, avaient joué avec des groupes et devant des auditoires où il y avait des Noirs.

Il a raconté que les Beatles devaient offrir une prestation à Jacksonville, en Floride, et, apprenant que les spectateurs y seraient séparés selon la couleur de leur peau, avaient carrément refusé de monter sur les planches à moins que les organisateurs ne renoncent à cette idée.

M. McCartney a raconté que le groupe avait réussi à obtenir gain de cause et avait même inscrit cette exigence dans le contrat.

Le film, qui est maintenant à l'affiche au Royaume-Uni et aux États-Unis, se concentre sur les tournées effectuées par les Beatles entre juin 1962 et août 1966, durant lesquelles ils ont offert 815 spectacles dans 15 pays.

Les foules hystériques et incontrôlables ont toutefois fini par rendre ce type d'exercice impossible.

«C'est drôle de parler de l'effet que ça nous a fait parce que c'était tellement fou, a poursuivi Paul McCartney. Nous voulions être célèbres. Nous voulions avoir du succès. Nous étions en train de faire ce que nous voulions vraiment accomplir et les choses ne faisaient que s'améliorer. Mais c'est devenu hors de contrôle et l'histoire, c'est qu'au bout du compte, cela nous a forcés à quitter la route et à revenir en studio pour faire Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band

Ceux qui ont vu les Beatles sur scène ne les ont probablement pas entendus, les systèmes sonores de l'époque n'étant pas assez puissants pour enterrer les cris des admirateurs.

Le documentaire, qui est accompagné d'un album intitulé The Beatles: Live At The Hollywood Bowl, comprend d'ailleurs de la musique remastérisée afin que le public puisse enfin profiter des prestations du quatuor composé de Paul McCartney, John Lennon, George Harrison et Ringo Starr.