L'été 2016 sera chaud à la Cinémathèque québécoise (CQ), dont la programmation contiendra un cycle d'un mois consacré au cinéma érotique d'ici et d'ailleurs.

C'est ce qu'a dévoilé le directeur général Marcel Jean en entrevue avec La Presse hier, à une semaine de la réouverture des salles de projection. Depuis le 10 juillet, la CQ ne projetait plus de films en raison de travaux majeurs destinés à rajeunir l'institution du boulevard De Maisonneuve.

«L'érotisme est une valeur très répandue dans l'histoire du cinéma. Nous désirons explorer ce genre de cinéma envers lequel notre perception a évolué à travers le temps», indique Marcel Jean. 

«Ce qui choquait il y a 30 ou 40 ans n'est plus vu de la même façon aujourd'hui.»

Il donne en exemple le cinéma du photographe et réalisateur britannique David Hamilton (Bilitis, Premiers désirs). «À l'époque, tout le monde avait une affiche tirée d'un film de Hamilton sur un mur de son logis, dit Marcel Jean. Alors que de nos jours, c'est pratiquement honni!»

Évidemment, la programmation est en construction et il est trop tôt pour annoncer des titres précis. Mais M. Jean a plusieurs longs métrages dans sa ligne de mire, dont des films d'Hamilton, des pinku eiga (cinéma érotique japonais), des films du Français José Bénazéraf ou encore des oeuvres québécoises, comme L'ange et la femme de Gilles Carle.

Chose certaine, la programmation sera éclectique et proviendra des quatre coins du monde.

En juillet 2009, la CQ avait présenté une série de 13 pinku eiga sous le titre rassembleur de «L'empire du désir»...

Cinéma familial

À un autre bout du spectre cinématographique, l'équipe de la Cinémathèque lancera en janvier 2016 une programmation de films familiaux qui seront diffusés les dimanches en début d'après-midi. Il s'agit d'un projet pilote de deux ans, assure M. Jean.

«Nous travaillons sur ce projet en partenariat avec Médiafilm et le Festival international de films pour enfants de Montréal (FIFEM), dit M. Jean. Nous désirons attirer les familles à la CQ. Il y a tellement de trouvailles à découvrir dans le film familial. Je pense à L'enfant lion de Patrick Grandperret ou encore Kirikou de Michel Ocelot. Bientôt sortira le film La guerre des tuques en animation 3D. Nous pourrions prendre une occasion comme celle-là pour projeter sur grand écran le film original. Je suis certain que des parents aimeraient le présenter à leurs enfants.»

Les groupes scolaires sont aussi dans la ligne de mire du directeur général de l'institution. «Cet automne, par exemple, il y aura projection du film Les ordres de Michel Brault avec un groupe d'élèves du secondaire», indique-t-il.

Rénovations, nouvelle vision

Ces initiatives s'inscrivent dans la vision du développement de la CQ développée par Marcel Jean, nommé directeur général de l'institution en avril dernier. Mercredi, ce dernier a d'ailleurs fait approuver par le conseil d'administration un plan stratégique de trois ans (2016-2019). L'adoption de ce plan se fait parallèlement aux travaux de rénovation des lieux.

«À l'origine, les cinémathèques ont été créées pour voir des films moins accessibles, rappelle Marcel Jean. Mais ce n'est plus le cas aujourd'hui. Il y a toutes sortes de moyens d'accès aux films, nouveaux ou anciens. Je souhaite donc faire de la CQ un lieu de création inspirant autour de l'histoire du cinéma. Et cela doit se faire en tenant compte des particularités de Montréal. Par exemple, deux de nos forces sont le cinéma documentaire et le cinéma d'animation. C'est pourquoi nous allons bientôt créer une résidence pour un cinéaste d'animation.»

Quant aux rénovations, de près de 4 millions de dollars, elles se poursuivront tout l'automne. En nous faisant faire un tour du propriétaire, hier, M. Jean a rappelé que la salle Claude-Jutra sera dotée d'équipements de projection en 3D, que la salle Fernand-Séguin sera transformée pour accueillir différentes technologies de projection (dont le DCP) et que la médiathèque Guy-L.-Côté sera aussi rafraîchie.

À terme, Marcel Jean espère rajeunir le public de la CQ. Il espère aussi voir le nombre de membres annuels passer de quelque 500 à 1000.