Une projection du film 1984 basé sur le roman anti-totalitaire de George Orwell, devenu un symbole de la résistance à la junte thaïlandaise, a été annulée, la police mettant en garde contre un rassemblement illégal, a indiqué mercredi un des organisateurs.

Un ciné-club de Chiang Mai, ville du nord du pays, avait prévu de projeter le film samedi, mais a renoncé après que la police locale a prévenu que ce serait illégal, a-t-il expliqué sous couvert de l'anonymat.

«Nous voulions juste montrer le contenu du film parce que beaucoup de gens en parlent en ce moment (...). Nous projetons différents types de films. Nous ne voulions pas lancer un mouvement politique», a-t-il ajouté.

«Quand nous avons découvert que la police avait un problème avec cet événement, nous avons décidé d'annuler, parce que nous avions peur que les spectateurs aient des problèmes».

Des manifestations rassemblant un nombre limité de participants, mais très médiatisées, ont eu lieu, principalement à Bangkok, depuis la prise de pouvoir par l'armée le 22 mai.

Alors que les rassemblements politiques de plus de cinq personnes sont interdits, les opposants au coup d'État, dont plusieurs ont été arrêtés, ont fait preuve de créativité pour faire entendre leur voix.

Certains ont été vus lisant dans la rue «1984», roman d'anticipation dans lequel Big Brother surveille et contrôle tout. Une affiche géante représentant le chef de la junte, le général Prayut Chan-O-Cha, avec les mots «Thailand 1984», a également été déployée.

D'autres militants ont adopté le salut à trois doigts des films The Hunger Games, autre symbole de la résistance au régime militaire. Dans ces films, le geste devient un symbole de résistance contre une société totalitaire dominée par des oligarques qui organisent notamment des jeux télévisés où des candidats doivent s'entretuer.

L'armée a expliqué avoir pris le pouvoir pour restaurer l'ordre public après sept mois de manifestations contre le gouvernement de Yingluck Shinawatra, soeur de Thaksin Shinawatra renversé par le précédent putsch en 2006.

Depuis cette date, la Thaïlande est engluée dans une série de crises politiques mettant en scène les ennemis et les partisans de Thaksin, qui reste malgré son exil le facteur de division du pays.