Pour célébrer le 50e anniversaire de l'arrivée de James Bond au cinéma, les artisans n'avaient pas le droit à l'erreur. Ce 23e long métrage répond aux attentes. Et s'inscrit d'emblée parmi les meilleurs de la série.

Quand on lui a offert le rôle du plus célèbre agent secret de la planète, Daniel Craig se souvient d'avoir beaucoup hésité. «Honnêtement, j'avais peur des étiquettes, a-t-il déclaré récemment au cours d'une rencontre de presse tenue à New York. Je craignais alors de devenir l'homme d'un seul rôle. Aujourd'hui, je ne pourrais être plus fier. Je peux en outre réaffirmer ma volonté de rester au poste tant qu'on voudra bien de moi. Pour autant qu'on ait de bons scénarios à offrir à James Bond!»

Cette profession de foi, qu'il a faite en regardant droit dans les yeux les producteurs Barbara Broccoli et Michael G. Wilson, n'est certes pas innocente. Tous les artisans de Quantum of Solace, le film précédent, tiennent en effet à ranger cet épisode au rayon des mauvais souvenirs. L'acteur avait d'ailleurs déclaré publiquement qu'ils (les artisans de Quantum) s'étaient «fait baiser», piégés par une production minée à l'époque par la grève des scénaristes.

Pour Skyfall, qui coïncide avec le 50e anniversaire de la plus populaire franchise de l'histoire du cinéma, les artisans n'avaient pas droit à l'erreur. Pour la toute première fois, un cinéaste lauréat d'un Oscar de la meilleure réalisation a été réquisitionné. Sam Mendes (American Beauty, Revolutionary Road) a d'emblée privilégié un style plus classique dans les scènes d'action. Pas de caméra à l'épaule ni d'esbroufe sur le plan des angles de prises de vue.

La vie intime de 007

Dans ce 23e numéro officiel de la série, les scénaristes (le très respecté John Logan - Gladiator, Hugo - a travaillé au script avec les vétérans Neal Purvis et Robert Wade) n'ont pas hésité non plus à fouiller cette fois dans la vie plus intime de 007, histoire d'extirper un récit qui fonctionne aussi sur un plan plus dramatique.

«Qui a dit qu'un bon film d'action ne pouvait pas comporter aussi une bonne histoire dans laquelle évoluent des personnages riches et complexes? demande Daniel Craig. Dans le cas de Bond, il n'y a qu'à retourner aux livres de Ian Fleming pour ce faire. Tout y est. Ce personnage est à la base animé de contradictions et de conflits intérieurs. Mais il faut un bon script bien écrit pour être en mesure de bien faire écho à cette dimension. Dans Skyfall, j'ai le sentiment que nous y sommes parvenus. Bond retourne sur les lieux de son enfance pour mieux la détruire!»

Tout en célébrant les traditions bien établies depuis un demi-siècle, Skyfall relance la série en orchestrant un choc entre les «anciens» et les «modernes». Le monde dans lequel le héros de Ian Fleming est né n'a pratiquement plus rien à voir avec celui dans lequel nous évoluons aujourd'hui.

Une remise en question

La guerre froide étant terminée depuis un bon moment, la pertinence du mode de fonctionnement du MI6 est remise en cause le jour où la dernière mission de Bond tourne mal. Des agents infiltrés se retrouvent exposés dans le monde entier. L'agence est attaquée, tant de l'extérieur que de l'intérieur. L'autorité de M (Judi Dench) est maintenant contestée en haut lieu. La tension monte d'un cran quand 007 se lance sur la piste du mystérieux Silva (Javier Bardem). Ne dévoilons rien de plus d'un récit qui ne ménage pas les surprises.

«L'environnement technologique n'est plus le même, fait remarquer Daniel Craig. Or, il serait bien ennuyant de voir James Bond taper sur un clavier, même si, dans les faits, le cyberterrorisme est maintenant une réalité. Les gadgets sont désormais intégrés de façon plus discrète dans l'histoire. Cela dit, il y aura toujours de grandes scènes d'action. Moi qui n'aime pas courir, je dois le faire constamment pour les besoins du film. James Bond n'arrivera jamais en marchant simplement dans une pièce!»

Skyfall prend l'affiche en version originale et en version française le 9 novembre.

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Les frais de voyage ont été payés par Sony Pictures.