Quel genre de formation reçoivent les policiers avant d'entreprendre leur carrière? Et comment sont-ils formés pour répondre aux appels de détresse, à la violence et à leur propre stress? Un documentaire québécois, dont les premiers tours de manivelle auront lieu lundi, souhaite apporter des réponses à ces questions.

Avec Police Académie (titre de travail), la documentariste Mélissa Beaudet a l'intention de suivre la formation des futurs policiers, de la troisième année du cours collégial jusqu'à leurs premières interventions, en passant par l'École nationale de police de Nicolet. Un travail de 18 mois.

En bonne partie financé par Radio-Canada et RDI, qui le diffuseront, le documentaire n'aurait pu se réaliser sans que la cinéaste obtienne au préalable les autorisations nécessaires. Dès lundi, elle accompagnera cinq élèves inscrits en technique policière au cégep Maisonneuve avant de les suivre dans leur formation de 15 semaines à Nicolet. Et elle a déjà l'autorisation du SPVM pour suivre ceux qui seront embauchés à Montréal dans leurs premières patrouilles.

«À travers ces différentes étapes, j'ai voulu suivre l'évolution des valeurs et de la mentalité des candidats, dit Mme Beaudet. Je voulais savoir comment on forme les policiers, qui veut le devenir et comment on apprend à devenir un bon policier. Est-ce que c'est quelque chose qu'on apprend ou qui est acquis? Selon moi, pour être un bon policier, il faut d'abord être un bon citoyen.»

L'entrevue avec Mme Beaudet a eu lieu lundi, donc avant la médiatisation de l'histoire concernant l'agente Stéfanie Trudeau.

Pour la cinéaste, le travail de policier a des correspondances avec celui d'urgentologue. «Les policiers font face à la détresse au jour le jour, dit-elle. Ils doivent prendre des décisions très rapidement. Dès leur formation terminée, les recrues doivent faire face à toute la complexité des êtres humains. À d'autres occasions, comme ce fut le cas au collège Dawson, ils doivent garder leur sang-froid. Je veux savoir qui sont ces jeunes qui désirent devenir policiers.»

Au départ, la cinéaste suivra cinq candidats, trois hommes et deux femmes. L'un d'entre eux a voté pour la grève étudiante du printemps dernier.

Confiance

En 2010, Mélissa Beaudet a présenté son documentaire Les poings serrés, dans lequel elle suit deux jeunes du quartier Saint-Michel qui trouvent le droit chemin grâce au travail d'un policier du quartier.

Dans ce film, il a beaucoup été question du rôle de la police communautaire. Les policiers du SPVM ont visiblement apprécié le travail de la cinéaste, et un lien de confiance s'est créé.

C'est pour cette raison, dit-elle, que le SPVM lui permettra de suivre les nouvelles recrues de son film si elles sont embauchées à Montréal.

Police Académie est une production de Stéphanie Verrier (Les Productions Flow) qui a récemment produit le court métrage Ina Litovski, d'Anaïs Barbeau-Lavalette et André Turpin, présenté en fin de semaine au Festival du nouveau cinéma.