Venu soutenir la présentation en compétition de September Dawn, Jon Voight fait aussi partie des artisans à qui le FFM rend hommage cette année. Retour sur la carrière de l'un des acteurs phares du cinéma américain.

Jon Voight est évidemment flatté par l'hommage que lui rend le Festival des films du monde cette année. S'il savoure chaque instant des accolades qu'on lui donne, l'acteur tient toutefois à garder les pieds bien sur terre. Cette ligne de conduite, dit-il, l'a toujours bien servi.

«À mon âge, le simple fait d'avoir survécu, d'être encore là, de travailler, est déjà digne d'une récompense! lance-t-il avec un sourire au cours d'une entrevue accordée à La Presse. J'adore ces occasions car elles me permettent de rencontrer des gens d'ailleurs, de discuter, d'échanger des points de vue. C'est un très grand honneur que me font les dirigeants du FFM.»

L'acteur, lauréat d'un Oscar grâce à sa composition - extraordinaire - dans Coming Home (le film de Hal Hashby dans lequel il incarnait un vétéran du Vietnam paralysé), affirme toutefois être toujours dans sa mouvance. Ainsi, il lui est difficile de jeter un regard rétrospectif sur une carrière pourtant très riche.

«Comme dans n'importe quel parcours, il y a eu des hauts et des bas, observe-t-il. Dès le départ, l'idée que je me faisais du métier d'acteur était très romantique. Cet état d'esprit est toujours incrusté en moi. Je suis aussi enthousiasmé par le jeu aujourd'hui que je l'étais à l'époque.»

Un acteur de composition

Bien sûr, l'emploi a changé. Les grands rôles qu'on lui offrait dans les années 70, alors qu'il était au sommet de la gloire, ont progressivement cédé la place à des rôles de soutien. Aujourd'hui, âgé de 69 ans, Jon Voight ne cache pas avoir trouvé la transition un peu difficile à faire à une certaine époque.

«Comme j'ai toujours été un acteur de composition, je n'ai quand même jamais eu à me réinventer vraiment. J'ai en effet cette capacité de pouvoir - et d'aimer - me transformer. Mais il y a eu des moments plus difficiles, c'est indéniable. Forcément, j'ai changé au fil des ans. J'ai fait des erreurs desquelles j'ai grandement appris. Cela dit, la pulsion initiale, celle qui a fait que j'ai un jour voulu devenir un acteur, est intacte.»

Voight fait partie de ces individus qui ont eu la chance de trouver leur raison d'être très rapidement. À l'âge de trois ans, le petit Jon se sentait d'ailleurs déjà une âme d'artiste.

«Je dessinais, je peignais... Mes oeuvres étaient accrochées partout dans la maison, rappelle-t-il. Puis, mon père m'a fait découvrir le cinéma. Ce fut une révélation à la fois excitante et terrible. J'ai alors découvert que les images pouvaient être en mouvement. Dans ma tête, il était alors clair que mon destin d'artiste allait basculer de ce côté. J'ai ainsi dû abandonner ma carrière de peintre à l'âge de six ans! Et je vous jure que j'ai dû faire un deuil.»

La vocation d'acteur, elle, est arrivée le jour où, adolescent, il est monté sur les planches une première fois dans une séance scolaire.

«Intérieurement, il y a une évidence. On sait ce qui nous convient ou pas. Je me sentais tellement à ma place que j'ai finalement décidé d'aller étudier l'art dramatique à New York. On m'a offert un rôle dans A View from the Bridge, une pièce d'Arthur Miller jouée «Off» Broadway dans laquelle je partageais la scène avec Robert Duvall. Cela a changé ma vie. Il n'y a alors plus eu de retour en arrière.»

La défense de certaines valeurs

Au moment où Voight se fait un nom au théâtre, les années 60 sont en pleine ébullition. Une époque culturellement très riche sur laquelle il pose aujourd'hui un regard sévère sur le plan social. «Nous payons aujourd'hui le prix de notre inconscience. Ce fut une période à mon sens très destructrice, notamment sur le plan des valeurs familiales», laisse-t-il tomber.

Le père d'Angelina Jolie, dont les démêlés avec sa fille sont très publics (la réconciliation n'a pas encore eu lieu), tient ainsi désormais à participer à des films affichant des valeurs auxquelles il peut souscrire.

«Je ne crois pas que le cinéma puisse changer le monde, dit Jon Voight. Mais il peut parfois aider à mieux faire comprendre les problèmes. En revanche, un film peut aussi diffuser un propos plus malsain. C'est pourquoi je tiens à faire des choix. Je reste vigilant à cet égard.»

September Dawn, un film inscrit dans la compétition mondiale du FFM, procède de cette démarche. Inspiré par un épisode historique sanglant impliquant des mormons, le film de Christopher Cain nous arrive précédé d'un parfum de controverse.

«On y dénonce le fanatisme religieux, fait remarquer l'acteur. Cette histoire trouve une forte résonance à notre époque. De tous les films que j'ai tournés, je dirais que September Dawn et Deliverance, qui est sorti il y a maintenant 35 ans, sont les deux films qui font le mieux écho aux maux qui nous accablent présentement.»

Vu récemment dans Transformers, où il incarnait le Secrétaire à la défense, Jon Voight sera bientôt à l'affiche de National Treasure: Book of Secrets, où il donne de nouveau la réplique à Nicolas Cage et à Diane Kruger. L'acteur est aussi de la distribution de Pride and Glory, un drame «tourné dans l'esprit du cinéma américain des années 70» dans lequel ses partenaires sont Edward Norton et Colin Farrell.

«Il y a tant de choses à dire et d'histoires à raconter, conclut celui qui repart aujourd'hui de Montréal avec un Grand Prix spécial des Amériques sous le bras. Dans chaque génération, on trouve des gens de très grand talent. Cela me fascine et me ravit toujours autant.»

September Dawn est présenté aujourd'hui à 14h au Cinéma Impérial. Midnight Cowboy est présenté à la belle étoile le 28 août à 20h30. Mission Impossible est présenté à la belle étoile le 1er septembre à 22h20.