Le cinéaste Michael Moore joue à la rock star politique et au «prédicateur» démocrate pourfendant le conservatisme de George W. Bush dans Captain Mike across America, son nouveau documentaire présenté en première mondiale au Festival des films de Toronto.

Sicko, son film sur les carences du système de santé américain, vient à peine de sortir dans les salles européennes que Michael Moore s'offre le luxe d'un nouveau brûlot.

Le cinéaste à l'éternelle casquette vissée sur le crâne revient sur la campagne présidentielle américaine de 2004 qui a permis au républicain George W. Bush de rester à la Maison-Blanche.

«Je suis demeuré optimiste et c'est pourquoi nous avons fait ce film», a expliqué samedi Michael Moore, fourbissant déjà ses armes en prévision de l'élection présidentielle américaine de 2008, pour laquelle il prédit une victoire démocrate.

«Le potentiel pour une large victoire (démocrate) est énorme. Les gens ne veulent pas voter républicain», a-t-il lancé, tout en reconnaissant que rien n'était encore joué, car «les démocrates (avaient) un grand talent pour tout gâcher».

«Ce film vise à préparer mes millions de fans et les gens qui partagent mes opinions politiques à la prochaine élection (...) parce qu'on ne pourra pas supporter les républicains quatre ans de plus», a-t-il expliqué.

Il a estimé que le vote de Hillary Clinton en 2002 en faveur de l'invasion de l'Irak handicapait ses chances d'obtenir l'investiture démocrate.

Dans Captain Mike across America, Michael Moore, démocrate affiché, revient sur la tournée de discours qu'il avait entamée dans les «swing states», ces États américains qui n'étaient acquis à aucun des deux aspirants à la présidence de 2004 et sur lesquels reposait le sort de l'élection.

Comme dans les grandes messes du rock, il commence toujours par saluer haut et fort la ville où il se trouve, histoire de bien galvaniser les milliers de personnes venues écouter son homélie en faveur du retrait des soldats américains en Irak et son plaidoyer pour une assurance-maladie universelle.

Vedette de son propre documentaire, Michael Moore est à la fois derrière et devant la caméra, objet et sujet, une sur-représentation qui a agacé la presse réunie au Festival des films de Toronto, le plus important en Amérique du Nord.

«La dernière chose que je voulais faire, c'est un bien un film sur moi, surtout lorsqu'on voit de quoi j'ai l'air», a plaisanté le corpulent cinéaste.

Captain Mike across America n'est pas une enquête fouillée comme ses oeuvres précédentes. Le film témoigne davantage de l'énergie de la dernière campagne présidentielle et de l'importance dans la société américaine du «citoyen Moore», doté d'indéniables qualités de tribun.

Dans son marathon de 62 «concerts», le «Capitaine Moore» invite des vedettes américaines à partager la scène à ses côtés que ce soit Viggo Mortensen, célèbre «Aragorn» du Seigneur des Anneaux, Eddy Vedder, chanteur du groupe rock Pearl Jam, ou les membres de R.E.M.

Michael Moore se présente comme un ennemi officiel de la Maison-Blanche qui fait des pieds et des mains pour l'empêcher de tenir ses discours enflammés dans les universités américaines, vivier démocrate.

S'il a échoué à convaincre l'électorat de voter démocrate en 2004, «Capitaine Moore» se targue toutefois d'avoir su parler aux jeunes, qui ont voté majoritairement en faveur de John Kerry, bien que «leurs parents aient préféré George W. Bush», conclut le film.