Au gré de l'actualité, il peut partir en croisade contre le géant canadien du cinéma (Cineplex) ou dénoncer la fermeture des petites salles de cinéma à Montréal (Le Parisien). Après 32 années passées dans le métier, dont 15 ans à la tête de K-Films Amérique, Louis Dussault ne s'est pas lassé de sa passion, le cinéma, ni de sa profession, la distribution.

Le mois d'août couronne une petite victoire pour le distributeur Louis Dussault. L'un des projets qu'il soutient depuis plusieurs années voit finalement le jour, et en grande pompe s'il vous plaît. En plein coeur, de Stéphane Géhami, a su toucher Serge Losique, qui l'a choisi pour la compétition officielle du FFM.

«C'est une belle histoire qui se finit bien», dit Louis Dussault. Celle d'un réalisateur qui a financé la production et le tournage de son film avec ses propres fonds, et qui suscite des vocations chez des cinéastes en herbe. Louis Dussault constate: «Les nouveaux pensent que tout va être miraculeux comme cela.»

Et pourtant, les miracles se font rares dans l'industrie du 7e art. L'an dernier, c'est un autre film distribué par Louis Dussault qui avait été présenté en ouverture du FFM, à la Place des Arts. Cela n'a pas empêché Toi, de François Delisle, de passer inaperçu une fois sorti sur les écrans du Québec.

«Toi, c'est le genre de film trop intimiste pour une grande salle. Après le FFM, c'est un bouche-à-oreille négatif qui est parti, reconnaît Louis Dussault. Mais il faut toujours essayer: le marketing, ce n'est pas une science exacte. Il y a tellement d'impondérables là-dedans que tu ne peux pas savoir ce qui va arriver.»

N'importe quel distributeur le répète à l'envie: «La distribution, c'est un métier risqué». K-Films a connu ses bons coups (citons par exemple La neuvaine, de Bernard Émond) et ses mauvais coups (la performance très moyenne d'Un baiser s'il vous plaît, d'Emmanuel Mouret, au Québec).

C'est au sein des Films du Crépuscule que Louis Dussault fait ses premiers pas. L'origine de son intérêt pour le cinéma reste toutefois «mystérieuse». Issu d'une famille de «petits salariés» installés à Montréal, Louis Dussault se destine, dans un premier temps, à des études «sérieuses», pour faire plaisir à ses parents.

Son bac de criminologie en poche, il s'aperçoit, avec effroi, du peu de sensibilité de la police pour la notion de réinsertion. «Je me suis dit: ce n'est pas possible de travailler avec des imbéciles pareils», se souvient Louis Dussault. Qu'à cela ne tienne, il se lance dans la réalisation (Le facteur).

«Quand on aime le cinéma, on veut en faire aussi, c'est sûr. Mais entre-temps, j'ai eu des enfants. Je ne trouvais pas que réalisateur, c'était un métier assez stable pour élever une famille», dit-il. Autour des Films du Crépuscule, Louis Dussault fréquente Léa Pool, Roger Cantin et Pierre Falardeau, et amène, au Québec, les premiers films d'Almodovar ou de Youssef Chahine.

Quand les Films du Crépuscule ferment, en 1993, Louis Dussault lance K-Films Amérique, avec le soutien de son ami, le distributeur français Klaus Gerke, de la maison parisienne K-Films.

Fidèle à ses amours, Louis Dussault continue aujourd'hui de chercher le film allemand, roumain ou mexicain qui fera battre le coeur des cinéphiles québécois. Il ne raterait pour rien au monde le festival de Cannes, tout comme il n'irait, pour rien au monde, à Toronto.

«C'est un festival qui n'a que des résultats négatifs. Moi, je n'y participe pas: j'aurais l'impression de faire la parade», dit-il, visiblement très remonté. Sa loyauté le rattache à Montréal, au FFM, donc, mais aussi au FNC, qui ouvrira cet automne avec un autre de ses films, Un capitalisme sentimental, d'Oliver Asselin.

On peut revoir cette semaine, pour les 15 ans de K-Films Amérique, sept films du distributeur au Cinéma du Parc. Infos: www.cinemaduparc.com.