Au beau milieu de l'entrepôt, entre les lampes poussiéreuses et une vieille machine distributrice de gâteaux Vachon à 10 sous, trônait l'énorme orignal empaillé de Québec-Montréal. Mince consolation pour les cinéphiles et les brocanteurs qui se sont pointés cette semaine à l'encan organisé par Paramount Décor en espérant dénicher des pièces de décors de films exclusives comme le chapeau d'Indiana Jones ou encore la DeLorean de Back to the Future.

«Tout ce qu'il y a ici s'est déjà retrouvé dans un movie», a lancé fièrement Gilles Roy, antiquaire et organisateur de l'encan, lorsque La Presse a visité l'un des entrepôts de Paramount Décor.

L'endroit, en fait, est rempli à craquer de vaisselle, de vieux pupitres - qui auraient pu être utilisés pour meubler la petite école de rang des Filles de Caleb -, d'anciennes plaques d'immatriculation, de vieilles boîtes de conserve, sans oublier... le fameux orignal de Québec-Montréal, suspendu par les pattes.

À l'extérieur, sous un chapiteau, des lampes, des statuettes et des tableaux avaient été déposés sur des tables. Non loin de là, un canot qui semblait tout droit sorti d'un film mettant en vedette des Amérindiens avait été accroché. On avait également aligné plusieurs vieux frigos rouillés datant des années 50. Une mine d'or pour les ferrailleurs, souligne Gilles Roy.

D'ici la fin du mois d'août, tous les lundis, mardis et mercredis, Paramount Décor, située rue Notre-Dame Est, organise des encans pour se départir de tout son matériel. La compagnie, qui louait auparavant des décors de cinéma, doit vider ses locaux. Les bâtiments qui abritaient l'entreprise seront détruits pour permettre l'exécution des travaux de l'élargissement de la rue Notre-Dame.

Selon M. Roy, un encan d'accessoires de décors de cinéma attire beaucoup de curieux. «Il y a de l'histoire là-dedans», dit-il.

En début de soirée, lundi, plusieurs amateurs d'antiquités et de brocante avaient répondu à l'appel. Ils se promenaient entre le chapiteau et l'entrepôt en soupesant, soulevant, effleurant les différentes pièces. Certains semblaient toutefois déçus du peu de choix qui s'offrait à eux.

«On n'est jamais venus dans ce genre d'encan», mentionne Huguette, une dame qui s'intéresse habituellement aux antiquités. Accompagnée de son conjoint, elle admet avoir décidé de se rendre sur place après avoir su que des accessoires ayant servi à des tournages de films seraient vendus aux enchères.

«En se procurant l'un de ces objets, ça peut nous rappeler un souvenir d'un film qu'on a aimé.» Elle admet toutefois ne pas être «enchantée» par les articles proposés.

Même son de cloche du côté de Michel Clermont. «Je collectionne les vieilles caméras, dit-il tout en tâtant de vieilles plaques de voitures. Mais ici, je n'ai rien trouvé.»

Malgré tout, les frigos ont rapidement trouvé preneur. Un montant de 25 $ a été proposé pour le fameux orignal. Jugeant la somme dérisoire, les encanteurs ont balayé l'offre d'un revers de main. L'animal a finalement trouvé un propriétaire. Après la vente aux enchères de lundi soir, un homme a offert 400 $ à Georges Durst, propriétaire de Paramount Décor, pour l'orignal abandonné.