Le cinéma indien produit près de 1000 films par année. Cela en fait - loin devant les États-Unis - la plus grosse industrie du 7e art au monde. Pourtant, les films indiens sont peu diffusés à Montréal, qui accueille son premier festival consacré à Bollywood.

Les «vues» produites à Bollywood (B pour Bombay) restent largement méconnues en Amérique du Nord. Si quelques superproductions ultracommerciales ont fait leur chemin jusqu'aux salles de cinéma québécoises, ce n'est que la pointe de l'iceberg. On estime qu'à peine de 1 % de la production bollywoodienne est présentée à Montréal.

 

Le premier Festival du film bollywoodien, qui se tient au Cinéma du Parc jusqu'au 2 octobre, espère bien faire monter la moyenne. Non seulement en en ce qui concerne la quantité, mais aussi la qualité. Car selon Caroline Tabah, passionnée du genre et programmatrice de l'événement, le cinéma populaire indien ne se limite pas aux comédies pompières musicales et sentimentales qui passent parfois en coup de vent à l'AMC Forum.

«C'est vrai que le cinéma bollywoodien n'est pas toujours de bon goût. Mais je pense que cet art est mal perçu, explique la jeune cinéaste. Il est très riche sur le plan culturel. En termes de musique, de chorégraphie ou même de poésie. Plusieurs de ces films adaptent des classiques de la littérature qui sont des fondements de la société indienne. Ses thèmes intemporels et souvent porteurs permettent d'exprimer, par la chanson, des réflexions plus profondes qui font écho aux débats de société.»

Avec seulement sept films en six jours, le Festival Bollywood ne ratisse qu'une infinitésimale partie de la production cinématographique indienne. Mais il faut plutôt le voir comme une prise de contact, explique Caroline Tabah. «On s'adresse d'abord aux gens qui veulent se familiariser avec ce cinéma.»

La programmation se veut ainsi plus accessible que pointue. Le film d'ouverture, intitulé Devdas (ce soir, 18 h), est un des longs métrages ayant révélé le cinéma bollywoodien en Europe et au Japon au début des années 2000. Cette histoire d'amour impossible, parfumée à l'eau de rose, met en vedette l'ex-Miss Monde Aishwarya Rai, devenue le visage officiel de L'Oréal.

Les amateurs de «vues» en noir et blanc pourront, de leur côté, découvrir le classique Mughal-E-Azam (1960), considéré comme l'un des trois plus grands films de l'Histoire du cinéma indien (lundi, 20 h).

Également au menu: le controversé Bombay (1995) portant sur le thème des relations interreligieuses (il est hindou, elle est musulmane...). Interdit au Pakistan, à Singapour et en Malaisie, ce long métrage n'avait encore jamais été présenté à Montréal (mercredi, 20 h).

La comédie Om Shanti Om clôturera le tout (jeudi, 20 h) avec une histoire de romance, de réincarnation et de vengeance spectaculaire. «Action, drame et surnaturel une vraie massala!» résume le programme.

«Ce qui me frappe, dans ce cinéma unique, c'est sa manière de célébrer les émotions humaines», souligne Caroline Tabah, qi prépare actuellement un premier film «à la manière Bollywood».

«Quand on rit, on rit. Quand on pleure, on pleure. Les personnages sont plus gros que nature. Il y a quelque chose, là-dedans, qui nous ramène aux sentiments de base. C'est naïf en apparence. Mais on va chercher quelque chose à l'intérieur des gens. C'est un cinéma de coeur, qui fait appel aux sens. Et à l'instinct...»

Où voir des films de Bollywood à Montréal?

La communauté sud-asiatique de Montréal se chiffre à quelque 80 000 personnes. Mais les lieux pour s'alimenter en films indiens sont assez rares. La rue Jean-Talon, dans le secteur Parc-Extension, compte quelques boutiques qui louent ou vendent des films bollywoodiens très populaires. Des petits clubs vidéo de la rue Victoria et de la rue De Castelnau se consacrent plus spécialement au cinéma tamoul de Madras - aussi appelé «Mollywood». Attention, les copies ne sont pas toujours sous-titrées! Pour être certain d'avoir son film en anglais, mieux vaut se rabattre sur le club vidéo la Boîte Noire, mais le choix ne sera pas aussi vaste. Le cinéma AMC Forum présente chaque année une poignée de films indiens. «Mais ils ne restent que deux ou trois jours à l'affiche», déplore Caroline Tabah.

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1er Festival du film de Bollywood, du jusqu'au 2 octobre au cinéma du Parc.