Dans le cadre de l'exposition REPLAY de Christian Marclay, qui se poursuit jusqu'au 29 mars, la galerie DHC/ART projette ce soir le film Presents de Michael Snow en présence du réalisateur canadien.

Cinéaste, musicien, peintre, sculpteur, photographe, écrivain, Michael Snow est l'un des plus grands artistes canadiens. Trop de gens l'ignorent, malheureusement. Le créateur de 79 ans a toujours travaillé près de la marge, mais souligne-t-il, son oeuvre est accessible.

«Mes films peuvent être vus et compris par tous ceux capables de voir et d'entendre, dit-il. Je ne crois même pas qu'il est nécessaire de savoir quoi que ce soit sur le contexte du film avant d'en faire l'expérience.»

Le mot est lâché. Comme c'est le cas de plusieurs artistes contemporains, les films de Michael Snow ne racontent pas d'histoire. Conceptuels, structurels, ils nous questionnent sur le médium et la mécanique cinématographiques, l'art en général, la réalité et la fiction. Si le cinéaste planifie beaucoup, il improvise aussi. C'est la beauté de son art.

«Si je pouvais imaginer quelque chose avant de le faire, je ne le ferais pas, explique-t-il. Les résultats sont toujours surprenants et parfois, il faut plus d'un visionnement pour comprendre ce qu'on a filmé.»

Tourné en 1981, Presents s'avère un véritable présent pour les yeux. Très ludique, le film étire et rétrécit l'image puis instaure une narration dans un décor qui sera littéralement «détruit» par la caméra. Celle-ci s'envole, par la suite, libre témoin de la réalité.

«Le film porte sur deux principes de cinéma opposés, note le cinéaste. La première partie du film est tout à fait artificielle, mais totalement préparée. La deuxième implique la mécanique du cinéma, caméra à l'épaule, mais c'est un documentaire sur la vie réelle.»

L'un des films les plus intéressants et importants de Snow reste d'ailleurs La région centrale, tourné en pleine nature, au nord de Sept-Îles, en 1971, qui fait vivre au spectateur tous les mouvements de caméra possibles et imaginables autour d'un axe fixe.

Toujours actif

Ces films d'hier ne doivent pas laisser croire que Michael Snow est un artiste à la retraite, bien au contraire. Il travaille présentement à la conception d'une oeuvre d'art pour un gratte-ciel que l'Américain Donald Trump fait construire à Toronto. Donald Trump?

«J'aime l'art public, dit-il. J'ai aussi réalisé, pour un nouvel hôtel, une oeuvre qui consiste à projeter sur 11 fausses fenêtres 32 séquences d'images abstraites ou de scènes pouvant se dérouler dans un tel lieu. Les projections se déroulent tous les soirs à partir de 19 h et ça dure depuis trois ans.»

Deux de ses films récents ont été montrés au dernier Festival de Berlin. En octobre, il était à Istanbul. Il arrive de Londres où une exposition lui était consacrée et il sera à Barcelone en avril.

Il est, de plus, entré de plain-pied dans l'ère numérique avec Corpus Callosum où il s'amuse, encore une fois, à déformer des images narratives.

«Les outils numériques nous amènent à un tout autre niveau de créativité, croit-il. C'est nouveau pour moi, mais c'est très intéressant. Mon prochain film sera destiné au Blu-ray!»

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Presents de Michael Snow, ce soir à 17 h et 20 h, à la galerie DHC/ART.