Quelques secondes d'images - une seule bande-annonce - ont soulevé des débats enflammés sur le site Trekmovie.com, concernant le nouveau film Star Trek de J.J. Abrams, qui prend l'affiche aujourd'hui. Les centaines d'internautes qui ont pris d'assaut le site ont créé une cacophonie qui aurait même eu raison du système de communications de la lieutenante Uhura.

La voix de Spock est faible. Le vaisseau n'a pas été construit dans l'Iowa, mais bien à San Francisco. L'«effet» du téléporteur est trop différent. Anton Yelchin ne ressemble en rien à l'original Chekov. John Cho est beaucoup trop vieux pour être Sulu. Jim Kirk n'a jamais été aussi rebelle. On se croirait dans Star Wars. Où est William Shatner? Comment osez-vous?

Les adeptes de Star Trek qui ont aimé la bande-annonce ont été accusés de manquer de discernement, d'être prêts à tout accepter. Ceux qui l'ont décortiquée point par point ont été qualifiés à leur tour de râleurs.

Dans le cadre de la sortie en salle du plus récent Star Trek, les passions des admirateurs sont exacerbées par le caractère sacré, selon plusieurs, de l'univers de la série, un tout cohérent et cohésif, selon eux, qu'on ne devrait pas toucher pour de vils motifs de marketing.

«Nous aimons tous Star Trek, a fait valoir le responsable de Trekmovie.com, Anthony Pascale. Certaines personnes ont une vision très stricte de ce qu'est Star Trek. Elles ont leur liste de trucs à respecter.»

Bien sûr, il est facile de dénigrer ces fervents admirateurs en les associant à l'image du «nerd» qui demeure encore dans le sous-sol de ses parents. William Shatner l'a fait en quelque sorte, il y a quelques années à l'émission Saturday Night Live, en suggérant à la blague aux admirateurs les plus purs et durs d'en revenir, qu'il n'y avait pas que ça dans la vie. Mais cette vision des choses rate sa cible. En fait, les inconditionnels de Star Trek mènent le jeu en Amérique du Nord.

Depuis 43 ans, Star Trek a été guidée par ses admirateurs. La série originale, télédiffusée de 1966 à 1969, n'aurait probablement pas survécu à une deuxième saison sans la pression des inconditionnels qui ont poussé NBC à reconsidérer l'annulation de la troisième saison.

Au fil des décennies, Star Trek est passée de la mouture originale à une série animée, de films jusqu'à la télésérie The Next Generation et à trois autres séries qui ont roulé jusqu'en 2005. En tout, il est question de 716 épisodes, de 6 séries et de 10 films. La feuille de route est impressionnante.

«L'univers de Star Trek a été si bien entretenu pendant toutes ces années, que les admirateurs l'aiment passionnément et sont très protecteurs», a soutenu l'acteur et producteur James Cawley, qui est à l'origine d'une série conçue par les admirateurs qui reprend là où s'était arrêtée la mission originale de cinq ans. Il y interprète le capitaine Kirk.

Nouvelle frontière

Le film de J.J. Abrams franchit une nouvelle frontière, réimaginant Kirk, Spock et tous les personnages tant aimés d'une manière qui est à la fois familière et différente. Le réalisateur a dit à plusieurs reprises que le nouveau Star Trek ciblait les nouveaux admirateurs - des gens qui pourraient même ne jamais avoir vu un épisode de l'oeuvre mythique.

Le nouveau Star Trek voyage dans le temps. En d'autres mots, le passé étant revisité à certains égards, tout changement au dogme devient possible. C'est de la science-fiction, après tout, et c'est l'approche qu'ont privilégiée les auteurs Roberto Orci et Alex Kurtzman.